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GALERIES ET FOIRES

Une « Berlin art Week » puissance deux

Par Isabelle Spicer (Correspondante à Berlin) · Le Journal des Arts

Le 16 septembre 2020 - 613 mots

La Berlin Art Week, le Gallery Weekend et les foires Positions et Messe in St. Agnes se sont déroulés de manière concomitante. Malgré la pandémie, le public et les collectionneurs allemands ont répondu présent.

Berlin. La Berlin Art Week, qui s’est tenue du 9 au 13 septembre, a été maintenue malgré l’annulation dès décembre 2019, faute de résultats satisfaisants, de l’événement qu’elle était censée soutenir, la foire Art Berlin. En parallèle s’est déroulé le Gallery Weekend, qui devait se tenir initialement en mai. Les vernissages ont été échelonnés sur plusieurs jours et étaient exclusivement réservés aux VIP comme au public professionnel. La galerie Neugerriemschneider présentait cette année Olafur Eliasson et Isa Genzken, Klemm’s l’artiste française Émilie Pitoiset, et la galerie Esther Schipper Philippe Parreno et Ugo Rondinone. « Un événement sur plusieurs jours régule le flot de visiteurs, ce qui s’inscrit dans les règles sanitaires en vigueur, mais a également un effet positif sur l’accueil des visiteurs par la galerie », observait Esther Schipper.

En raison des restrictions de voyage, le Gallery Weekend a essentiellement accueilli cette année des collectionneurs allemands et venus des pays avoisinants.

Deux heures d’attente pour entrer dans la foire Positions

Partenaire de la Berlin Art Week, la foire satellite Positions, créée en 2014 et organisée du 10 au 13 septembre – accompagnée cette année de Paper Positions, Fashion Positions et Photo Basel –, a survécu à l’annulation d’Art Berlin. Positions offre un éventail d’œuvres aux prix plus modestes et de ce fait adaptés au collectionneur berlinois qui, en moyenne, acquiert des œuvres de moins de 10 000 euros. La galeriste lettonne Ilze Zeivate (Maksla XO, Riga), participante depuis onze ans, réalise chaque année des ventes satisfaisantes en adaptant son offre au public berlinois avec des œuvres appropriées à cette catégorie de prix.

Malgré un doublement de l’espace de la foire et une organisation méticuleuse (prise de température, port du masque, enregistrement des contacts, dépôt des affaires personnelles), la capacité de Positions était limitée en raison du protocole sanitaire. Même les détenteurs de la carte VIP ont dû subir jusqu’à deux heures d’attente pour pouvoir y assister.

À l’annonce de l’annulation définitive d’Art Basel en juin, les galeries berlinoises avaient décidé de déployer leur stand dans leurs propres locaux. Johann König est allé plus loin en organisant fin juin une foire dans ses gigantesques locaux, une ancienne église désacralisée d’architecture brutaliste. Il a incité marchands d’art, collectionneurs et artistes à lui confier des œuvres, s’adressant à un marché aussi bien primaire que secondaire.

Nombre de galeristes berlinois le martèlent, alors que foires internationales et biennales continuent d’être annulées, il y a une vraie soif d’événements de ce type chez les collectionneurs. Les stands virtuels ne peuvent remplacer l’expérience physique de l’art. La première édition de la « Messe in St. Agnes » (jeu de mot intraduisible, le mot « Messe » en allemand signifiant à la fois messe et foire) avait connu un tel succès en juin que Johann König a décidé de renouveler l’expérience seulement trois mois après. Il ne s’agit pas d’une foire classique. La politique des prix y est transparente : le prix de chaque œuvre est affiché. Autre originalité, il est strictement interdit au public de prendre des photos, afin de préserver la confidentialité et de ne pas « stigmatiser » les invendus. Les exposants ne doivent pas s’acquitter de frais ; en cas de vente seulement, une commission est prélevée. Lors de cette deuxième édition de la Messe in St. Agnes, qui se tient jusqu’au 20 septembre, la galerie König a reçu un public de collectionneurs essentiellement allemand. Mais à mi-parcours, la galerie, qui présentait des ventes à hauteur de un million d’euros environ, se déclarait déjà satisfaite de l’événement.

 

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°551 du 18 septembre 2020, avec le titre suivant : Une « Berlin art Week » puissance deux

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