Terrine ovale en argent

Dans le monde des arts décoratifs, il est rare qu’une même passion unisse mari et femme. C’est pourtant le cas de Bernard et Édith Causse qui, depuis près de cinquante ans, ne font aucun achat l’un sans l’autre. Grâce à leur passion commune et leur œil averti, ils ont réuni tous les grands maîtres tant parisiens que provinciaux de l’orfèvrerie française du XVIIIe. L’ensemble compte des écuelles, boîtes de toilette, flambeaux, moutardiers, aiguières, saucières, saupoudroirs, cafetières, théières et chocolatières, sans oublier les terrines, à l’instar de celle reproduite ici.

Robert-Joseph Auguste est très tôt renommé pour la qualité de sa sculpture et de sa ciselure. Grâce à son talent et à ses relations – l’orfèvre est un proche du marquis de Marigny, directeur des Bâtiments du roi et frère de la marquise de Pompadour –, il reçoit de nombreuses commandes de la cour. En 1777, il est d’ailleurs nommé orfèvre ordinaire du roi. À partir des années 1770, il exécute ses plus grandes réalisations et multiplie les commandes dans toutes les cours d’Europe mais aussi pour la cour de Catherine II de Russie ou celle de George III de Grande-Bretagne.

« Dès la fin des années 1760, Auguste fait évoluer sa production vers le style néoclassique, épurant les formes, ajoutant des draperies droites, des têtes d’animaux variées, des oves et des grecques », raconte Thierry de Lachaise, directeur du département orfèvrerie européenne chez Sotheby’s. Cette terrine est tout à fait typique de ce style, avec notamment le motif récurrent du mufle de lion.

À titre de comparaison, en octobre dernier, lors de la vente de la collection de l’hôtel Lambert, Sotheby’s Paris a adjugé une paire de terrines couvertes en argent du même orfèvre (1775-1777) pour 693 000 euros.