Surprises chez Briest

La photo plasticienne et le Surréalisme ne font pas recette

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 14 juin 2002 - 727 mots

Les ventes d’art moderne et contemporain dirigées, du 3 au 5 juin, par Me Briest pour la maison Artcurial à l’hôtel Dassault à Paris ont globalement bien marché, mais pas forcément là où on s’y attendait. La peinture surréaliste a été boudée au profit des cubistes et la photographie plasticienne est en perte de vitesse.

PARIS - Bellevue, 1899, une toile pointilliste de Signac a ébloui tout le monde lors de sa présentation à l’hôtel Dassault. Le 3 juin, elle a été emportée dans son estimation pour 1,29 million d’euros, soit la plus grosse enchère prononcée en France cette année. Une autre toile de Signac a trouvé preneur au prix escompté de 354 000 euros. Pin et chêne, un sujet pointilliste d’Henri Cross a récolté 589 000 euros, ce qui est le second meilleur prix pour l’artiste. Plus étonnante fut l’enchère de 197 000 euros atteinte par une nature morte d’inspiration cubiste de Vlaminck : “c’est un beau résultat pour un artiste qui, en dehors de sa période fauve, n’a pas la cote”, explique la spécialiste maison Violaine de La Brosse-Ferrand. Ces quatre œuvres venaient de la même collection particulière. Quatre importantes pièces sur papier, inédites sur le marché et issues de la collection Thorez, ont également obtenu de gros prix : 77 800, 130 300 et 188 300 euros pour trois aquarelles de Léger qui ont plus que doublé leur estimation. Mais surtout, une grande maternité de 1963 de Picasso s’est envolée à 365 450 euros, soit quatre fois l’estimation haute. En revanche, les œuvres surréalistes, pourtant aujourd’hui placées sous les feux de l’actualité, sont restées sur le carreau. Ce fut le cas pour Dalí, Tanguy et deux toiles de Victor Brauner. Le Matin, de ce dernier, est tout de même parti dans l’estimation. Les amateurs ont toutefois acquis tous les dessins à l’encre de Chine de l’artiste. Plus discrète est la progression des cubistes : Gleizes, Lhote et Villon ont été emportés au-dessus de leur estimation par des particuliers. Et dans le second opus consacré à l’art moderne, le 5 juin, où étaient dispersés des lots de faibles valeurs, les dessins cubistes signés Valmier, Ferat ou Lhote ont aussi flambé. Aucun lot prestigieux n’était annoncé dans la vente d’art contemporain des 4 et 5 juin. De plus, les pièces à la fois les plus classiques et les plus chères de la vacation ont été ravalées, telles une composition de Poliakoff, une toile de 1958 de Dubuffet et une poule en bronze de César dont la vente fut plombée par les attentes élevées du vendeur. Les résultats du reste de la vacation sont assez mitigés et pour le moins inhabituels. L’expert Martin Guesnet a en effet pu constater que “la jeune peinture, en particuliers la peinture française, a fait mieux que la photographie”. Si le marché n’a pas suivi sur Gursky, Goldin, Ruff ou Tillmans (preuve d’un essoufflement de ce secteur), la cote de Philippe Cognée semble en pleine ascension. Les amateurs sont allés jusqu’à 9 000 euros pour une toile de 1995 estimée 6 000. De même, un tableau à l’acrylique de Lisa Ruyser réalisé en 2000 est monté à 19 250 euros, pour une estimation de 12-15 000 euros. Un record du monde de 46 900 euros a même été enregistré pour la star montante Ghada Amer, artiste égyptienne installée à New York depuis cinq ans et qui réalise des broderies sur toiles. L’expert n’en revenait pas : “les deux œuvres de Ghada Amer que se disputaient marchands et particuliers se sont vendues comme des Warhol et sont finalement parties dans deux des plus importantes collections au monde”. En revanche, trois toiles de Fabrice Hybert n’ont pas été proposées. Un regain d’intérêt a été observé pour des petites œuvres du groupe Support-Surface – Claude Viallat, Noël Dolla, Christian Jaccard ou Jean-Pierre Pincemin – qui ont rencontré leur public. Signalisation, 1962, une œuvre répertoriée de Jean-Pierre Raynaud et un Mur, 1971, du même artiste, ont réalisées de belles enchères. Une fois n’est pas coutume, nos artistes tricolores s’en sont bien sortis. Pour d’autres, comme au baccalauréat, il y a toujours le repêchage ou l’”after sale”, pratique autorisée par la nouvelle loi qui permet dans les quinze jours suivant la vacation de vendre des lots ravalés au dernier prix marteau. Plusieurs œuvres seraient dans ce cas dont la photographie de Gursky et le tableau de Dubuffet.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°151 du 14 juin 2002, avec le titre suivant : Surprises chez Briest

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