Salon du collectionneur, une première édition recherchée

L'ŒIL

Le 1 septembre 2003 - 877 mots

Le nouveau Salon du collectionneur, organisé par le Syndicat national des antiquaires, a su attirer, comme prévu, une centaine d’exposants au carrousel du Louvre.

Lorsque le SNA, organisateur de la Biennale des antiquaires, apprend la volonté d’un mystérieux concurrent d’organiser un salon au carrousel, entre deux Biennales, il comprend la nécessité de protéger la principale source de financement de ses activités et, bien sûr, de créer et contrôler lui-même le nouveau salon du Carrousel. Après avoir, un temps, songé à s’associer pour tenir salon commun, le SNA et la Société d’organisation culturelle de Patrick Perrin, l’organisateur du jeune Pavillon des antiquaires, ont renoncé à s’entendre. Le nouveau Salon du collectionneur, organisé par le SNA, se tiendra donc au carrousel du Louvre quelques jours à peine avant le Pavillon d’automne de Custot-Perrin aux Tuileries (cf. p. 107). « Nous ne nous plaçons pas en concurrents, souligne Jean-Luc Mechiche, administrateur du SNA. Ce salon n’est pas organisé pour le bénéfice d’une société commerciale, il doit servir les intérêts de la profession, permettre son renouvellement et sa diversification. » « Il répond à une demande des membres du SNA, explique Michel Vandermeersch, président de la commission de sélection des exposants, en s’ouvrant à ceux qui n’avaient pas eu l’occasion d’exposer à la Biennale, où les places sont rares et disputées. » La dernière Biennale, largement ouverte aux exposants étrangers, avait soulevé les protestations de marchands français. Si les exposants du nouveau salon sont sensiblement renouvelés, « nombreux ont été les marchands de la Biennale à faire connaître leur volonté d’exposer eux aussi dans ce cadre ». Les salons spécialisés Arts du feu, Arts primitifs et asiatiques avaient, quant à eux, tout intérêt à profiter de la clientèle drainée par un salon de plus grande ampleur.

Un effort de différenciation
Originalité de ce nouveau salon, son organisation en six sections différenciées : Arts primitifs, Arts asiatiques, Céramiques, Tableaux-Sculptures, Mobilier-Objets d’art, Bijoux-Argenterie. « Exposant depuis vingt ans à la Biennale, explique Josette Delvaille, nous présentons habituellement, aux côtés de la peinture moderne et ancienne, du mobilier du XVIIIe siècle. Nous avons choisi cette fois de ne proposer que des tableaux. » La section Mobilier-Objets d’Art respecte cependant les intérêts diversifiés de certains antiquaires. Le nom de salon du « Collectionneur » ne convainquit pas d’abord les antiquaires qui n’estimaient pas faire dans l’objet « de collection ». Puis le nom fut accepté et revendiqué... Il était pertinent pour désigner un salon destiné à des spécialistes, passionnés par une catégorie spécifique d’objets, contrastant avec les choix décoratifs de la Biennale. Sobrement décoré, le salon, deux fois moins coûteux que la Biennale, gagne en sérieux ce qu’il perd en attrait. Empruntés à certains salons spécialisés, des conférences, une exposition, un thème : la Chine...
un stand scientifique. Touche de prestige, mais aussi démarche sincère des antiquaires : pour former des collectionneurs, les ouvrir à une passion… Et faire entrevoir les nouvelles exigences de spécialisation technique imposées à la profession. Dans cette optique pédagogique : « Nos prix contrastent avec ceux, démesurés, pratiqués à la Biennale, explique Michel Vandermeersch. On trouvera des objets au Salon, à partir de 1 000 euros. Un collectionneur commence par les objets abordables. »

Au bonheur du collectionneur…
Les spécialités les plus cohérentes, Arts asiatiques, Céramique, voisinent avec des sections hétéroclites. En Mobilier-Objets d’art, un bureau Régence aux lignes sobres, de l’ébéniste grenoblois Pierre Hache, proposé par l’antiquaire lyonnais Michel Descours, un plateau de table en scavoglia, incrusté d’ambre, dans le stand de Philippe Delpierre, un autel des archanges de Jaime Huguet chez l’antiquaire espagnol Luis Elvira, une majestueuse Vierge au Calvaire chez le Belge Pareyn… Le choix des tableaux est aussi éclectique : Cavalier au Turban de Descamps, académie de Carle Van Loo à la jeune galerie Alexis Bordes, transparence lumineuse d’un Béguinage à Bruges, du Sidaner, à
la galerie Marie Bruyer. Au stand de la vénérable galerie Delvaille : un Ziem lavande aux côtés… d’un Portrait de femme à la robe rose, d’Isaac Luttichuys. À souligner, dans la section Céramique, ou devraient se distinguer de remarquables majoliques, la présence du marchand italien Giampaolo Lukacs qui a choisi, pour son premier salon parisien, de présenter du Venise, du Nymphenburg et, audacieusement, du... Paris.
Sylvie Captier présente, en avant-première d’un automne asiatique consacré au bestiaire japonais, un coq et une poule en bronze témoignant d’un curieux métissage Japon-Occident. Insolite, une paire de vases néogrecs témoigne de l’intérêt de la galerie Tobogan pour le XIXe siècle historicisant. Parmi les classiques bronzes et porcelaines des stands de la section chinoise, Valérie Levesque présente une statuette en terre crue, d’un réalisme dérangeant. Seule sculpture connue du Chinois Chitqua à représenter un révolutionnaire, capitaine au long cours, elle a été conservée dans sa famille depuis des générations.
La galerie rouennaise Brigemont Manor est la seule à proposer clairement une spécialité « objets de collection ». Elle présente un rare carnet de bal en forme de violoncelle, en or, émail décoré et plaquettes d’ivoire. « À la Biennale, malgré quelques coups de cœur de néophytes, notre clientèle était surtout composée de collectionneurs avertis, en quête de l’objet extraordinaire. » Le nouveau salon sortira-t-il de l’ombre ce peuple d’amateurs mystérieux ?

Salon du collectionneur, PARIS, carrousel du Louvre, Ier, tél. 01 44 51 74 74, 12-18 septembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°550 du 1 septembre 2003, avec le titre suivant : Salon du collectionneur, une première édition recherchée

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