Bruxelles

Salon de spécialités

Plutôt mollassonne, la Foire des Antiquaires de Belgique a été plombée par la tourmente boursière

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 29 janvier 2008 - 513 mots

BRUXELLES - À trop vanter la beauté de la mariée, on encourt la déception. L’effet positif qui a précédé la Foire des Antiquaires de Belgique, organisée du 18 au 27 janvier, s’est ainsi révélé disproportionné par rapport à une manifestation certes éclectique et bien organisée, mais plutôt laborieuse cette année. Loin de souffrir la comparaison avec Tefaf ou la Biennale des Antiquaires de Paris, l’événement rappelait plutôt... le Salon du Collectionneur. Dans la section moderne, hormis quelques jolies trouvailles, comme un fusain tournoyant de Béla Kádár chez le Minotaure (Paris), de belles œuvres sur papier d’Hantaï chez Zlotowski (Paris) ou un Shadow inhabituel de Warhol chez J & P Fine Art (Zurich), la pêche n’était pas miraculeuse. Même déception du côté des tableaux anciens, malgré la présence solide de Coatalem (Paris), ou de la statuaire Haute Époque, spécialité pourtant nordique par excellence. Sympathique mais classique, la foire gagnerait à s’ouvrir au contemporain. Mais quand elle s’y hasarde, elle tombe à côté de la plaque avec les œuvres vulgaires de Mel Ramos chez Trigano (Paris) ! Comme au Salon du Collectionneur, la palme qualitative revient aux marchands de spécialité comme Antoine Barrère (Paris) et sa statuaire khmère, les chantres de l’art africain Bernard Dulon (Paris) et Patrick Claes (Bruxelles) ou les Chevalier (Paris), dont le virage vers le tapis d’artiste est extrêmement convainquant.
Après un vernissage prometteur, la manifestation fut plombée par la tempête boursière des 21 et 22 janvier. « Les gens disent ouvertement que les remous boursiers des derniers mois ont réduit leur possibilité d’achat d’œuvres d’art, remarquait Éric Mouchet, de la galerie Zlotowski. On aurait vendu deux ou trois choses dès le premier soir si la conjoncture avait été différente. » Malgré les roulis financiers, certains exposants ont continué à faire des affaires, comme Delvaille (Paris). Cybèle (Paris), qui avait cédé une paire de boucles d’oreilles au prince Philippe de Belgique, a profité de cette publicité royale pour effectuer d’autres ventes auprès des Belges. Mais pour Jean-Baptiste Auffray, de la galerie Malaquais (Paris), « la capacité d’achat des visiteurs stagne entre 5 000 et 15 000 euros, et encore à 15 000 euros, ils toussent. » Vincent Amiaux, codirecteur de la galerie des Modernes (Paris) résume parfaitement l’ambiguïté d’un salon qui semble avoir atteint son climax : « Les organisateurs veulent hisser à chaque fois le salon, mais au final, on se retrouve avec les mêmes visiteurs. Le niveau général progresse, mais la clientèle internationale ne suit pas ». Le vivier local profite, lui, surtout aux marchands belges, lesquels ont très bien fonctionné. Vincent Colinet (Bruxelles) a ainsi fait un carton avec les meubles de Jules Wabbes. L’atonie ambiante conduit quelques marchands français à réclamer un salon plus court, pour éviter les temps morts. « La durée du salon est cohérente par rapport au public local et à sa manière de concevoir l’acte d’achat, défend au contraire Bernard Dulon (Paris). Un vrai amateur a besoin de temps. » Mais le temps, c’est de l’argent, et faute de vendre leurs pièces majeures, certaines galeries envisagent d’apporter une offre plus légère l’an prochain.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°274 du 1 février 2008, avec le titre suivant : Salon de spécialités

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