Sculpture

Rimes de plâtre

Le Journal des Arts

Le 7 novembre 2003 - 386 mots

Trente pièces de Jean Arp provenant d’une
collection particulière sont exposées à Paris.

 PARIS - Présentées dans les plus grandes institutions d’art moderne, les sculptures en plâtre de Jean Arp sont peu courantes sur le marché. Après le décès du sculpteur, sa veuve Marguerite Hagenbach-Arp a offert à plusieurs musées internationaux ainsi qu’aux amis proches de l’artiste des ensembles importants. Le praticien d’Arp, André Mounier, qui avait assisté le maître à partir de 1958, s’est ainsi vu offrir en remerciement de sa fidélité une trentaine d’œuvres aujourd’hui présentées à la galerie Natalie Seroussi, à Paris.
C’est aux alentours de 1930 que Jean Arp commence à sculpter en ronde bosse. Il privilégie le plâtre, matériau pauvre par excellence, et, partant d’armatures métalliques, modèle des sculptures qui sont ensuite parfois moulées et tirées à quatre exemplaires maximum. Les épreuves n’étant pas numérotées, il est impossible d’évaluer précisément sa production. En outre, l’artiste ne conférait aucune valeur particulière aux matrices, qui ont bien souvent disparu.
Les plâtres de Jean Arp semblent glisser d’une figure à une autre, et sont élaborés à partir d’un vocabulaire formel constitué depuis le milieu des années 1920 à partir de ce qu’il appelait « éléments ». L’artiste offre grâce à ce langage plastique une interprétation libre de la nature, mêlant les références animalières, végétales et humaines. Les formes que privilégie Arp sont plutôt fluides et sinueuses, mais leurs lignes peuvent être à tout moment interrompues par une sciure nette. Avec ces ruptures, l’artiste fait référence au sort connu par nombre de sculptures antiques. Il crée des figures aux lignes simples et pures qu’il baptise de titres poétiques et drôles tels qu’Évocation d’une forme humaine, lunaire, spectrale (1950), Animal conscient de sa beauté (1957) ou Soupir d’une fleur (1963).
Si certaines des sculptures de Jean Arp ont été coulées en bronze ou reportées dans le marbre, la primauté du plâtre dans son œuvre est indéniable.
Les pièces exposées ici sont vendues aux alentours de 50 000 euros. Après leur passage rue de Seine, elles seront présentées aux mois de mai et juin 2004 à la galerie Rachel Adler Fine Art de New York.

JEAN ARP, LES PLÂTRES

16 octobre-25 décembre, galerie Natalie Seroussi, 34 rue de Seine, 75 006 Paris, tél. 01 46 34 05 84. Catalogue édité par la galerie Natalie Seroussi, 112 p, 25 euros.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°180 du 7 novembre 2003, avec le titre suivant : Rimes de plâtre

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