Rendre Paris attractive

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 12 mai 2009 - 505 mots

Si la France bénéficie d’une aura toute particulière depuis la crise, elle a intérêt à ne pas s’endormir sur ses lauriers.

Producteur de cinéma et président du Conseil pour la création artistique, Marin Karmitz le dit très justement : « Il faut prendre date, Paris doit être active tout de suite car les Américains vont se redresser d’ici un an. » Le quotidien Le Monde soulignait récemment que, handicapé par sa dette, l’Hexagone risquait même d’être distancé par l’Allemagne lors de la reprise mondiale.
Des réseaux commencent certes à se tisser, à l’image de la « Colline des musées » (lire p. 3). Mais la synergie et la stratégie font encore globalement défaut à l’ADN des institutions françaises. Il est ainsi regrettable que l’exposition de « La force de l’art 02 » ferme ses portes le 1er juin, juste avant la Biennale de Venise et la Foire de Bâle. Encore une fois, l’événement restera à usage interne, alors qu’il aurait pu capitaliser sur la forte présence internationale en Europe à ce moment-là. Autre regret, le manque de visiteurs lors du week-end Portes ouvertes des membres de l’association Galeries Mode d’Emploi, les 25 et 26 avril. Cette ouverture dominicale gagnerait toutefois à être reconduite, pourquoi pas lors de la Foire internationale d’art contemporain (FIAC) ou de Paris Photo. Misant sur la réputation parisienne, certains adhérents de Galeries Mode d’Emploi préconisent même d’organiser simultanément au parcours artistique un parcours gastronomique à coup de brunchs variés dans les galeries. Mais pour cela, une réelle préparation en amont, une communication appropriée, bref, un vrai investissement serait nécessaire. Car, rappelons-le, les galeries berlinoises mettent toutes leur obole pour que le Collector’s Week-end organisé traditionnellement au printemps soit un succès.

« Tour d’ivoire »
On l’aura compris, l’urgence est de rendre Paris attractive sur la durée. En premier lieu, pour les galeries étrangères. Crise oblige, les Américains ne seront pas nécessairement très nombreux à la FIAC en octobre prochain. Si les New-Yorkais Luhring Augustine ou Marianne Boesky sont de retour, leur consœur Paula Cooper, elle, n’a pas postulé. La capitale doit aussi redevenir attirante pour les artistes. Or les velléités d’installation achoppent sur des loyers prohibitifs et un faible nombre de résidences hormis la Cité internationale des arts et le Couvent des Récollets. L’accompagnement professionnel n’est pas non plus toujours au rendez-vous. De nombreux créateurs étrangers se plaignent de ne pas rencontrer de curateurs ou de critiques d’art lors de leurs séjours parisiens. « Paris a perdu de son panache car des curateurs importants comme Hans Ulrich Obrist ou Nicolas Bourriaud sont partis à l’étranger, souligne Olivier Belot, directeur de la galerie Yvon Lambert à Paris. Les artistes sentent aussi qu’il est difficile de faire venir dans leurs ateliers les conservateurs de musées. Il faut toujours quémander, les gens sont dans leur tour d’ivoire. Douglas Gordon a voulu habiter ici, et finalement cela lui est passé et il est parti vivre à Berlin. » C’est aussi à Berlin qu’a déménagé Koo Jeong-A, pourtant enseignante à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°303 du 16 mai 2009, avec le titre suivant : Rendre Paris attractive

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