Rencontre avec Jean-François Larrieu

Par Marie Maertens · L'ŒIL

Le 1 janvier 2003 - 467 mots

A votre nomination comme président du Salon d’Automne en 1994, aviez-vous conscience qu’il fallait redynamiser l’image de cette institution qui semblait vieillissante ?
Tout à fait et j’ai mené une politique de rénovation afin d’apporter une image plus jeune et de redéfinir le rôle du salon auprès du ministère de la Culture. Progressivement, le salon était devenu une institution un peu redondante, poussiéreuse, dont le public et les galeries s’étaient désintéressés. Même les artistes ne comprenaient plus du tout l’enjeu qu’il représentait pour leur carrière et l’importance de se fédérer auprès d’une association pour pouvoir exposer librement. Un déclin très rapide s’est amorcé à partir de 1985 et le moment de la fermeture du Grand Palais – en 1994 – a été le plus difficile. Il a alors fallu rajeunir les membres du comité, renouveler les artistes et faire un important effort de communication.
Le Salon d’Automne a rempli une mission avant-gardiste de sa création jusqu’aux années 40, quand le jeu de la reconnaissance artistique passait par les salons d’artistes. Progressivement, les galeries et l’Etat ont pris le relais et aujourd’hui le but du Salon d’Automne n’est plus de faire découvrir les nouvelles tendances, mais d’offrir aux artistes vivants un lieu d’expression et d’échanges culturels à travers le panorama de toute la création.

Alors, s’agit-il d’un salon organisé par et pour les artistes ?
Pas uniquement, mais il est vrai que notre mission actuelle est de fédérer ces artistes qui travaillent sur les supports dits classiques car en réalité, la peinture est mise à l’écart dans toutes les grosses foires internationales. Le Salon d’Automne, et plus généralement les salons d’artistes, deviennent le seul moyen d’alimenter ce marché par rapport à celui de la photo, la vidéo et les installations. Mises à part quelques références muséales, l’Etat n’offre plus du tout de soutien aux peintres et, si les salons n’existaient pas, on ne verrait plus de peinture. C’est pour cela que nous nous battons pour exister et demandons à ce qu’une association comme la nôtre soit prise en considération par l’Etat, sinon c’est un pan culturel de la France qui s’effondre. De même que les peintres sont complètement occultés par l’AFAA, le Ministère des Affaires Etrangères ou encore le circuit des ambassades et des échanges culturels internationaux. Nous n’existons à l’étranger que par le biais des galeries.

L’avenir vous semble-t-il néanmoins plus radieux ?
Oui, car de l’avis de tous, la sélection s’améliore d’année en année et nous préparons une exposition pour le centenaire du Salon en 2003. Mais, là encore, nous menons un bras de fer avec l’Etat français pour obtenir un musée afin d’organiser cette rétrospective et de montrer cent ans de création. Nous avons déjà obtenu des prêts de musées, dont celui d’Orsay, et nous présenterons des Cézanne, Bonnard, Redon... si nous obtenons un lieu d’exposition !

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°543 du 1 janvier 2003, avec le titre suivant : Rencontre avec Jean-François Larrieu

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