Design

Poul Henningsen en lumière

Le Journal des Arts

Le 20 février 2004 - 548 mots

La galerie Dansk Møbelkunst présente à Paris les lampes les plus marquantes du fonctionnaliste danois.

 PARIS - PH : deux initiales qui ont fait le tour du monde, celles du plus célèbre designer de luminaires scandinave, passé à la postérité pour ses lampes du même nom. Si les objets conçus par Poul Henningsen (1894-1967) sont présents dans de nombreux musées, si, en 1994, pour le centenaire du créateur, le Musée des arts décoratifs de Copenhague lui a rendu hommage en montrant ses anciennes lampes PH, en France, ce sont surtout des rééditions ou des modèles récents que l’on trouve dans les galeries ou lors des ventes publiques. La galerie Dansk Møbelkunst a donc décidé de rassembler vingt-trois pièces d’époque (dont deux meubles) datées de 1926 à 1962. « Nous avions envie de réaliser cette exposition depuis longtemps », confie Maria Wettergren, sa directrice. Plusieurs années ont été nécessaires pour glaner les objets, tous en excellent état et pour la plupart estampillés. En outre, la totalité des abat-jour sont d’origine. « Les prix de Poul Henningsen ont beaucoup progressé ces dix dernières années, avec l’intérêt accru du public français pour la Scandinavie. Et il n’est pas courant de trouver des pièces en si bonne condition », précise Ole Høstbo, le fondateur de la galerie.
Pendant dix ans, Henningsen étudie la diffraction de la lumière électrique et dessine des courbures logarithmiques. Enfin, vers 1925, grâce à des abat-jour convexes et concaves, « empilement d’une tasse, d’un bol et d’une assiette », il arrive à contrôler la lumière et à la diriger là où elle est utile. L’ampoule, dissimulée, cesse d’être éblouissante. Elle allie fonctionnalisme et chaleur. Le Danois s’est fixé un programme, qu’il poursuit avec Louis Poulsen, le fabricant. Le matériau varie avec le temps, comme le nombre d’abat-jour et la finition. Les premiers modèles sont en cuivre, matériau qui donne à la lumière un aspect chaud, à trois abat-jour (lampe PH) ou même parfois six, comme pour cette très rare Pariser lampe dessinée en 1926 en exclusivité pour un restaurant de Copenhague, une suspension décorée par le sculpteur Axel Salto, proposée ici pour la première fois à la vente à 34 000 euros. Autre pièce maîtresse, un chandelier (1927) dont les six branches portent des modèles réduits de la lampe PH, cette fois en verre dépoli et laiton ; il est vendu 44 000 euros. La qualité de la finition, l’état de conservation et la rareté expliquent le prix élevé. Plus abordables, des lampes de table PH en cuivre peint datant de la même année déclinent leurs coloris rouge, vert ou jaune autour de 12 000 euros. Le verre s’impose dans les années 1930, ambré, dépoli ou teinté. En 1933, Henningsen réalise Bombardement, un étonnant chandelier en verre ambré, Bakélite et métal bruni, vendu 17 500 euros. Après la guerre et la disparition du modèle originel, naît en 1958 la nouvelle lampe PH 5 en aluminium, modèle le plus répandu aujourd’hui. La même année est produite la lampe Artichaut, en cuivre laqué, vendue 5 800 euros dans sa première édition. Un ensemble exceptionnel, à apprécier à la tombée de la nuit.

Les lampes de Poul Henningsen

Jusqu’au 6 mars, galerie Dansk Mobelkunst, 53 bis, quai des Grands-Augustins, 75006 Paris, tél. 01 43 25 11 65, du mardi au samedi 11h-19h, www.dmk.dk.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°187 du 20 février 2004, avec le titre suivant : Poul Henningsen en lumière

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