Art impressionniste et moderne

Monet et Schwitters, stars de Londres

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 2 juillet 2014 - 780 mots

Christie’s et Sotheby’s obtiennent un résultat supérieur de plus de 20 % par rapport à 2013. Mais si Sotheby’s réalise une bonne vente, Christie’s est à la traîne.

LONDRES - Christie’s avait l’habitude de mener le jeu à Londres pour les ventes estivales d’art impressionniste et moderne. Pourtant, depuis deux ans, l’auctioneer est à la peine.
La vente du soir du 23 juin de Sotheby’s totalise 122 millions de livres sterling (152,6 millions d’euros) [1], atteignant son estimation haute et dépassant de 15 % son chiffre de 2013. C’est également son troisième score le plus élevé dans cette catégorie pour Londres. Fait notable, même s’il n’y a pas eu d’envolée extraordinaire puisque la majorité des adjudications sont restées cantonnées à leurs estimations, la maison a vendu 91,3 % des lots, soit 42 sur 46, dont ses lots phares.

Star de la soirée, Monet est l’auteur de trois des quatre œuvres qui se sont le mieux vendues. En haut de la liste, Nymphéas (1906), provenant de l’ancienne collection de Paul Durand-Ruel, a été adjugée 31,7 millions de livres (39,6 millions d’euros), au-delà de l’estimation haute fixée à 30 millions de livres. Il s’agit de la seconde meilleure enchère pour l’artiste, son record étant détenu par Le Bassin aux nymphéas (1919), cédée chez Christie’s Londres en juin 2008 pour 47,3 millions de livres (59,8 millions d’euros). « Sotheby’s a très bien vendu cette œuvre, d’autant plus que le marché la connaissait », note Thomas Bompard (directeur de la galerie Gradiva). En effet, Christie’s Londres l’avait proposée en juin 2010 mais n’avait pas trouvé d’acquéreur pour une estimation de 30 à 40 millions de livres.

Les deux autres toiles de Monet, La Seine à Argenteuil, 1875 (estimation 7 à 10 millions de livres), issue de la collection Ralph C. Wilson, Jr, et Antibes, vue du plateau Notre-Dame, 1888 (est. 6 à 8 millions de livres), ont été respectivement adjugées 8,5 et 7,9 millions de livres (10,6 et 9,9 millions d’euros), dans la fourchette de leurs estimations. L’autre grand gagnant de la soirée est Piet Mondrian, avec Composition rouge, bleu et gris, cédée à 15,2 millions de livres (19 millions d’euros), dans les limites de son estimation (13 à 18 millions de livres). Cette œuvre, présentée pour la première fois sur le marché depuis son acquisition par le vendeur en 1959 auprès du marchand d’art suisse Ernst Beyeler, est la deuxième plus haute enchère du peintre après Composition avec bleu, rouge, jaune et noir, partie à 21,5 millions d’euros, chez Christie’s Paris en février 2009 (collection Pierre Bergé-Yves Saint Laurent).

Un Schwitters muséal

Le lendemain, le résultat de Christie’s n’a pas été à la hauteur de ses espérances. Son chiffre d’affaires global a atteint 85,7 millions de livres – en grande partie grâce à la dispersion de la collection Langen qui a récolté 20,3 millions de livres (106,7 millions d’euros) – un chiffre en dessous de son estimation (96 à 122 millions de livres), mais au-delà du résultat de juin 2013 (64 millions de livres).

Sur les 60 lots proposés, 20 ont été ravalés. La grosse déception de la soirée concerne La Main (1947), d’Alberto Giacometti, restée invendue (est. 10 à 15 millions de livres). Ceci est d’autant plus incompréhensible qu’en 2010 un autre exemplaire avait été adjugé 26 millions de dollars (15 millions de livres) chez Christie’s New York. Peut-être que le sujet était un peu sévère, le marché recherchant aujourd’hui des œuvres plus lyriques, comme Femme de Venise II, emportée à 9 millions de livres (11,2 millions d’euros, est. 8 à 12 millions de livres). Mais la vacation a réservé une belle surprise, avec Ja – Was ? – Bild (1920), de Kurt Schwitters, issue de la collection Langen (est. 4 à 6 millions de livres) et qui s’est envolée à 13,9 millions de livres (17,4 millions d’euros), un record mondial pour l’artiste, pulvérisant le précédent (1,3 million de livres). « Si ce prix est spectaculaire, il n’est pas illogique. C’était une œuvre parfaite, la seule de qualité muséale de toute la session », commente Thomas Bompard.

Si la vente de Sotheby’s était mieux équilibrée que celle de Christie’s, qui manquait peut-être d’un beau Picasso ou d’une œuvre impressionniste, le marché reste tout de même solide et dynamique.

Note

(1) Tous les résultats sont indiqués frais compris et les estimations hors frais.

SOTHEBY’S, LE 23 JUIN
Estimation : 84,7 à 121,5 M£
Résultat : 122 M£
(soit 152,5 M€)
Nombre de lots vendus : 42 sur 46
Taux de vente : 91,3 %

CHRISTIE’S, LE 24 JUIN
Estimation : 96,4 à 141,4 M£
Résultat : 85,7 M£ (soit 107,2 M€))
Nombre de lots vendus : 40 sur 60
Taux de vente : 67 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°417 du 4 juillet 2014, avec le titre suivant : Monet et Schwitters, stars de Londres

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