Arts premiers

Masque, poupée et plaque cérémonielle

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 13 février 2008 - 658 mots

La maison Tajan renoue en force avec les arts premiers tandis qu’une vente cannoise met cette spécialité à l’honneur.

PARIS, CANNES - La maison Tajan démarre l’année 2008 avec la reprise de ses ventes dans la spécialité des arts premiers. Un domaine dans lequel elle ne s’était pas illustrée depuis plus de cinq ans. Le 19 février, elle présente dans ses murs une sélection d’objets africains, américains, précolombiens et océaniens issus de diverses collections. Celle-ci est d’une qualité remarquable, rarement vue depuis la vente Vérité (les 17 et 18 juin 2005, SVV Enchères Rive Gauche) à Paris, mis à part les vacations régulièrement organisées par Sotheby’s. Avec l’assistance de l’expert parisien Hervé Naudy, Tajan compte, avec cette vente accrocheuse, sur un redémarrage de son département. La maison de ventes prévoit une programmation régulière de deux vacations annuelles.
L’une des pièces phares proposées est un rare masque Kwélé du Congo, stylisé en forme de cœur, enduit de pigments gris foncé, bruns, ocre et blancs, référencé et estimé 180 000 euros. Un autre très bel exemplaire passé aux enchères à Paris chez Sotheby’s le 8 juin 2007 avait atteint 372 000 euros, soit non seulement la meilleure enchère de la vente pour l’auctioneer mais aussi un record pour un masque Kwélé. Autre rareté offerte aux amateurs, un masque Yupi’k inuit du fleuve Kuskokvim (Alaska), daté de la deuxième moitié du XIXe siècle, provenant de la prestigieuse collection Rasmussen. Estimé 220 000 à 250 000 euros, il représente la transformation de l’homme en phoque dans les rites propitiatoires à la chasse. Il égale les plus beaux spécimens de masques eskimos apparus sur le marché dernièrement : ceux de l’ancienne collection Robert Lebel, dispersés le 4 décembre 2006 à Drouot (SVV Calmels-Cohen) jusqu’à 600 000 euros. Deux masques avaient alors été préemptés par le Musée du quai Branly, à Paris, à des prix élevés. Une trentaine de poupées Kachina, datant des années 1930, 1940 et 1950, incarnant les esprits que l’on rencontre dans la mythologie des Indiens Hopi et Zuñi du sud-ouest des États-Unis (Arizona, Nouveau-Mexique), sont proposés dans une fourchette d’estimation de 3 000 à 9 000 euros.

Mochica, maya et aztèque
Le catalogue est également pimenté par une section musclée d’œuvres précolombiennes comprenant une précieuse petite sculpture du dieu Aie-Apec (fils du Jaguar) en os incrusté de pierres vertes (néphrite), noires (jaspe) et nacre, fin Mochica-début Huari (Pérou, 600-1000 apr. J.-C.), estimée 100 000 à 200 000 euros ; une plaque cérémonielle en or incrusté de turquoise et spondyle rouge et blanc, du début Lambayeque (Pérou, vers 800 av. J.-C.), accompagnée d’un certificat scientifique du Dr Philippe Blanc (CNRS), représentant une scène à la gloire du dieu Aie-Apec, estimée 50 000 euros, et une rare terre cuite Tumaco-La Tolita (Équateur, 300 av.-300 apr. J.-C.) incarnant un chaman en transformation, estimée 20 000 euros. Notons encore un masque funéraire maya (Mexique, 250-650 apr. J.-C.) en jade vert veiné, montrant le visage d’un chaman aux yeux hypnotiques grands ouverts avec les pupilles spiralées, estimé 100 000 à 150 000 euros, et une sculpture aztèque (1300-1521 apr. J.-C.) en pierre volcanique figurant la déesse agenouillée Xochiquetzal, provenant de l’ancienne collection américaine Joël Aranson et estimée 40 000 euros. Une pièce similaire est conservée au Musée d’anthropologie de Mexico.
Le 24 février à Cannes, sous le marteau de Jean-Pierre Besch, les arts primitifs seront aussi à l’honneur. L’Afrique sera notamment représentée par un beau masque de danse stylisé de culture Wa (Ghana) en bois polychrome, représentant la tête d’un animal fantastique mi-buffle mi-oiseau, estimé 35 000 euros, et un masque de danse Kpan Baoulé (Côte d’Ivoire), utilisé au cours des cérémonies du Goli, provenant de l’ancienne collection new-yorkaise John Dintenfass, estimé 18 000 euros.

TAJAN

- Expert : Hervé Naudy (Cabinet Civilisations)
- Estimation : 2 millions d’euros
- Nombre de lots : 326 BESCH CANNES AUCTION
- Expert : Serge Reynes (Cabinet Origine)
- Estimation : 500 000 euros
- Nombre de lots : 363

ARTS PREMIERS, ventes le 19 février à l’espace Tajan, SVV Tajan, 37, rue des Mathurins, 75008 Paris, tél. 01 53 30 30 30 ; expositions publiques : du 11 au 15 février 10h-18h, le 18 février 10h-18h, www.tajan.com
ARTS PREMIERS, ventes le 24 février au Grand Hôtel, 45, La Croisette, 06400 Cannes, SVV Besch Cannes Auction, tél. 04 93 99 22 60 ; expositions publiques : le lundi 18 février 14h-18h, les 19 et 20 février 10h-18h, lieu : À l’Univers d’Esther, 13, rue des Tournelles, 75004 Paris, et les 23 février 10h30-19h et 24 février 10h30-12h30 au Grand Hôtel à Cannes, www.cannesauction.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°275 du 15 février 2008, avec le titre suivant : Masque, poupée et plaque cérémonielle

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