Marquet, le grand oublié de sa génération

Par Marie Maertens · L'ŒIL

Le 1 juin 2003 - 424 mots

Le galeriste Antoine Laurentin propose une cinquantaine de dessins noir et blanc d’Albert Marquet. Bien loin de la facture fauve de l’artiste, ce type d’œuvres demeure relativement peu connu car très rarement présenté en vente dans de telles quantités. Marquet, quant à lui, accordait beaucoup d’importance à ses dessins, qu’il tenait à exposer régulièrement. Tout à fait indépendants par rapport aux aquarelles et aux tableaux, ils sont pratiquement tous signés et témoignent d’une virtuosité et d’une nervosité technique que l’on retrouve rarement dans sa peinture. La cote de l’artiste pour ces œuvres est malgré cela bien en dessous, non seulement des dessins de Matisse, mais encore de ceux de Camoin et Manguin, qui ont été davantage montrés et qui demeurent, par conséquent, plus connus, donc plus chers. Une vente organisée par l’étude Piasa le 25 avril confirme ces prix, oscillant entre 1 415 et 3 774 euros pour des dessins de petit format, à la plume ou à la pointe de roseau.
Le choix du galeriste s’est porté sur la première partie de l’œuvre, la plus novatrice. Elle se développe dans des vues des rues et des quais de Paris exécutées à la plume et à l’encre de Chine que l’on a appelées ses « dessins noirs » (autour de 4 500 euros). Ces nombreuses déambulations poussèrent l’artiste à dépeindre des passants, dont il ressort, d’un trait ferme, appuyé, sans repentir, des silhouettes proches de l’abstraction, plus que chez aucun autre artiste fauve. Fréquentant également les maisons closes avec son compère Matisse, Marquet exécute des nus s’apparentant à des odalisques de grandes similitudes avec celles de Matisse, mais Marquet atteste d’une acuité de trait plus réaliste en relevant les moindres détails et défauts. Il a également dépassé en grivoiserie son ami en croquant les prouesses des prostitués (de 4 000 à 12 000 euros).
Une dizaine de feuilles d’Algérie sont encore présentes, peut-être moins vives, moins percutantes, mais correspondant à un marché certain d’amateurs (de 3 000 à 7 000 euros). Enfin une intéressante série d’autoportraits (autour de 6 500 euros) permet d’identifier les célèbres lunettes et la moustache de l’artiste, au sein d’une introspection qu’il réalisa tout au long de sa vie dans ses œuvres graphiques, mais très peu en peinture.
Un portrait de Matisse constitue encore l’un des clous de l’exposition (à 15 000 euros). Le galeriste pense qu’un réajustement des prix va se produire dans les mois ou les années à venir, avis aux collectionneurs !

Galerie Antoine Laurentin, tél. 01 42 97 43 42, du 6 juin au 11 juillet.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°548 du 1 juin 2003, avec le titre suivant : Marquet, le grand oublié de sa génération

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