Ventes aux enchères

Manuscrit enluminé.

Mahzor de la Renaissance

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 25 avril 2012 - 501 mots

Un exceptionnel mahzor, livre de prières juives, sera proposé le 11 mai à Paris chez Christie’s, sur une estimation de 400 000 à 600 000 euros. Ce manuscrit hébraïque, réalisé en Italie et enluminé à la fin du XVe siècle, est l’un des plus importants jamais proposés aux enchères.

Le commissaire-priseur n’organisant pas prochainement de ventes de Judaïca à New York ou Amsterdam, la place parisienne s’est imposée pour cet ouvrage trouvé en France. « Ce mahzor semble être le seul de cette qualité resté en mains privées, souligne Christoph Auvermann, directeur parisien du département Livres et Manuscrits de Christie’s. Il est à rapprocher du mahzor Rothschild aujourd’hui conservé au Jewish Theological Seminary of America de New York et réalisé dans les mêmes années à Florence ». Un des rares mahzor de la Renaissance apparus sur le marché est un manuscrit hébraïque du XVe siècle, enluminé en Italie, mais beaucoup moins richement décoré et dans un état de conservation moyen (avec une reliure très abîmée), vendu 182 240 euros, le 10 mai 2005 à Amsterdam chez Christie’s.

Ce mahzor de 442 feuillets en caractères hébraïques, exécuté vers 1490 en Toscane et apparemment complet, présente les hymnes et poèmes liturgiques et les prières pour Pessah, Souccot, Yom Kippour, Shabbat, Rosh Hashana, Chavouot et Hanoucca. S’y ajoutent la bénédiction du nom de Dieu et les cent bénédictions à réciter quotidiennement ainsi que des extraits du Livre d’Esther et un commentaire en hébreu et en araméen sur la mort de Moïse. Il a été luxueusement enluminé par le Florentin Boccardino l’Ancien et son atelier qui travaillaient pour les cours européennes. « La communauté juive de Florence fleurit au XVe siècle sous l’étroite protection des Médicis, en particulier sous celle de Laurent le Magnifique qui encouragea ouvertement l’épanouissement de la culture et de l’érudition juives. Fortes de ce soutien princier, les grandes familles juives s’adressèrent alors aux artistes, parfois chrétiens, auxquels faisaient appel leurs puissants protecteurs », explique Christoph Auvermann. Les armes peintes à plusieurs reprises dans le corps du texte sont très certainement celles d’une importante famille juive d’Italie qui n’a pas encore pu être identifiée. « Les armoiries portées par ces familles relevaient de compositions variées de symboles traditionnels juifs. Cette héraldique non officiellement établie rend délicate toute attribution précise », relève le spécialiste. Un propriétaire ultérieur fit luxueusement relier ce mahzor dans la seconde moitié du XVIe siècle.

Mahzor - Manuscrit en caractères hébraïques enluminé sur vélin

Date d’exécution : années 1490
Lieu d’exécution : Toscane (Italie), probablement Florence
Enluminure : Boccardino l’Ancien et son atelier
Armoiries : non identifiées
Reliure : travail italien de la seconde moitié du XVIe siècle en maroquin brun, plats richement ornés d’un décor doré d’entrelacs et de rinceaux et peint à la cire en rouge et vert, avec fers spéciaux dont des licornes, blason central sur les deux plats, tranches dorées et ciselées.
Nombre de feuillets : 442
Dimensions : 16,8 x 12,5 cm
Expert : Christoph Auvermann
Estimation : 400 000 à 600 000 €

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°368 du 27 avril 2012, avec le titre suivant : Mahzor de la Renaissance

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