Lucy Mitchell-Innes et son mari David Nash : L’union fait la force

Mitchell-Innes & Nash s’associe à de Pury

Le Journal des Arts

Le 5 janvier 2001 - 927 mots

Lucy Mitchell-Innes et son mari David Nash, deux anciens de Sotheby’s, dirigent la galerie Mitchell-Innes & Nash ouverte sur Madison Avenue en 1994. Leur domaine est particulièrement large puisque, outre les tableaux modernes et contemporains, ils s’intéressent aux antiquités, à l’art américain du XIXe siècle, aux tableaux et dessins de maîtres anciens, ainsi qu’à l’art tribal. Ils viennent de s’associer avec Simon de Pury.

NEW YORK (de notre correspondante) - Lucy Mitchell-Innes et son époux David Nash appartiennent à cette catégorie de professionnels de l’art qui ont su s’adapter aux changements rapides du marché. Fondée en 1994 par Lucy Mitchell-Innes, la galerie de Madison Avenue s’est d’abord concentrée sur le second marché et les grands artistes de l’art contemporain. Diplômée du Courtauld Institute of Art, elle a été pendant treize ans, directrice internationale du département d’art contemporain chez Sotheby’s. Elle est à l’origine de plusieurs grandes ventes dont Interchange de Willem De Kooning (adjugé 20,6 millions de dollars) ; False Start de Jasper Johns (17,05 millions de dollars) et Number 8 de Pollock (11,55 millions de dollars). Après avoir quitté Sotheby’s, elle a pris en charge certaines grandes collections, telle celle de Condé Nast publisher S.I. Newhouse Jr., qui s’est vendue plus de 50 millions de dollars. En 1996, la galerie a élargi son champ d’activité lorsque David Nash, ancien directeur du département international pour l’Impressionnisme et l’art moderne chez Sotheby’s, s’est associé à son épouse. Actuellement, leur galerie présente jusqu’au 6 janvier une exposition consacrée à Jean Arp, alors que les impressionnistes sont installés à l’étage. Ils viennent de conclure une alliance avec les courtiers Simon de Pury et Daniella Luxembourg, tous deux vétérans de Sotheby’s, et basés à Genève.

Quelles sont les conséquences de la croissance rapide des marchés financiers sur l’activité de votre galerie, et quels sont les domaines les plus porteurs en ce moment ?
Le marché est en plein essor en ce moment. Depuis deux ans, nous vendons nos œuvres immédiatement ou, au pire, dès la seconde proposition. Cela est dû en partie au fait que les œuvres sont estimées à leur juste prix. Mais si les ventes marchent si bien, c’est parce que les clients ont confiance, ce qui n’était vraiment pas le cas en 1994. La différence par rapport à cette période c’est qu’aujourd’hui les gens ont un réel désir d’acheter, mais ils ne veulent pas d’œuvres de deuxième catégorie. Je leur conseille d’attendre les plus belles œuvres. Je ne veux pas être responsable de ventes abusives. L’essor est surtout notable chez les jeunes artistes tels Hirst, Dijkstra, Struth et Neshat. Autre tendance récente : l’intérêt croissant pour les grandes sculptures modernes ou contemporaines de jardins. Calder, De Kooning et Tony Smith sont très recherchés.

Comment fonctionne votre galerie ?
Nous nous intéressons surtout au second marché, aux œuvres de très haute qualité et aux successions d’artistes comme Tony Smith et Willem De Kooning, que nous co-représentons avec la galerie Matthew Marks. Nous avons également la charge du fonds Jack Tworkov. Dans ces derniers cas, mon travail consiste à m’appuyer sur leur réputation déjà bien établie pour inciter les musées à acquérir certaines de leurs œuvres. Environ 20 % de nos ventes sont réalisées avec ces institutions. Nous ne nous limitons pas aux impressionnistes, aux artistes modernes et contemporains. Nous nous intéressons également aux antiquités, à l’art américain du XIXe siècle, aux tableaux et dessins de maîtres anciens, ainsi qu’à l’art tribal. Nous avons vendu pour l’instant 80 % des œuvres d’Arp que nous proposions. Pour 2001, nous prévoyons de présenter Tony Smith, Willem De Kooning et Mariana Cook, ainsi qu’une exposition des peintures de Munch.

Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans la photographie ?
Nous avons choisi d’exposer des photographies de Picasso réalisées par David Douglas Duncan en ne présentant que des “vintages” (tirages originaux d’époque). Si on s’intéresse à l’art contemporain, on ne peut pas ignorer la photographie.

Les collectionneurs changent-ils ?
Outre notre habituelle clientèle composée de collectionneurs plutôt âgés, nous voyons arriver depuis deux ans d’autres clients, plus jeunes pour la plupart, entre quarante et cinquante ans. Aujourd’hui, 75 % des clients qui achètent activement sont nouveaux sur le marché. Ils travaillent dans des services financiers ou dans des start-up. Il est intéressant de noter que depuis dix ans, ces derniers arrivants ont réuni de grandes collections d’art contemporain.

Qu’est-ce qui a motivé votre association récente avec Simon de Pury, ancien président de Sotheby’s Europe ?
De nombreuses galeries privées ne sont plus adaptées à l’internationalisation et aux marchés mondiaux. Pour faire face à ces nouveaux enjeux, nous avons choisi de travailler en étroite collaboration avec Simon de Pury mais aussi avec Matthew Marks. On part du principe que deux plus deux font plus que quatre. Nous savons qu’il est primordial de travailler en équipe et notre association avec Simon de Pury et Daniella Luxembourg nous ouvre un accès direct au marché européen.

Les conseillers financiers et les ventes sur Internet influencent-ils l’activité de votre galerie ?
Environ 50 % des clients font appel à un conseiller, louent les services d’un observateur, surtout ceux qui ne vivent pas à New York. L’autre moitié développe des relations de confiance avec un cénacle de marchands. Actuellement, nous traitons régulièrement avec une dizaine de conseillers. Certains ne connaissent pas très bien l’art, mais ils savent souvent comment régler les problèmes. Nous avons un site, www.miandn.com, qui enregistre un certain nombre de questions, mais pour l’instant, nous n’avons pas encore organisé de vente en ligne. Le site nous sert de vitrine. Il ne faut pas oublier que toute l’industrie de l’art repose sur le relationnel.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°118 du 5 janvier 2001, avec le titre suivant : Lucy Mitchell-Innes et son mari David Nash : L’union fait la force

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