l‘œil de l‘expert

L'ŒIL

Le 1 décembre 2000 - 599 mots

1 993 750 F
Amis des peintres en général, et des surréalistes en particulier, Jacques et Madeleine Matarasso avaient acheté ce tableau à son auteur, Valentine Hugo, en 1948, à l’issue d’une exposition surréaliste au Musée Galliéra de Paris. Estimé 700/900 000 F, le Portrait des poètes surréalistes est sans doute l’œuvre la plus importante de ce peintre, épouse de Jean Hugo, puis maîtresse d’André Breton à partir de 1931. Conçu en 1932, ce tableau fait partie de l’histoire du mouvement surréaliste, de par l’appartenance de Valentine Hugo à ce groupe et parce qu’il représente ses poètes les plus éminents : Eluard, Breton, Tzara, Crevel, Char, Péret. Il a été vendu accompagné d’un texte de six pages manuscrites de Valentine Hugo. Elle y raconte comment elle a élaboré sa composition, plaçant les poètes dans un ciel zodiacal où les planètes proches de chacun correspondent à leurs aspirations et à leurs caractères. « Ce tableau historique, commente l’experte Violaine de la Brosse, est vraiment le reflet d’une époque et d’un mouvement reconnu dans le monde entier, et qui passionne de très nombreux collectionneurs. Difficile à estimer, puisque les œuvres de Valentine Hugo passent rarement en vente publique, il a été l’enjeu d’une bataille d’enchères et finalement adjugé à un Américain. »
Étude Briest, hôtel Marcel Dassault, 27 octobre.

1 900 000 F
Dessin au crayon noir rehaussé de craie blanche, cette œuvre de Louis-Léopold Boilly (1761-1845) représente peut-être les trois fils de l’artiste. On en attendait 500/600 000 F à cause du charme du sujet et il a atteint le prix des pièces les plus cotées de Boilly, en général des aquarelles de dimensions importantes où évoluent de nombreux personnages. L’expert Patrick de Bayser commente ainsi ce résultat : « Ce prix me paraît disproportionné et ne reflète pas la vraie valeur de ce dessin. Il ne s’agit pas d’une cote de Boilly, mais d’un emballement du marché qui se manifeste dès qu’une œuvre contient un élément de plus-value. Cela tient ici au sujet, trois jeunes et beaux artistes représentés dans un atelier, un cadre mettant en scène l’univers intime de l’artiste et qui plaît beaucoup au public. Le dollar, actuellement à un de ses cours les plus hauts, a fait le reste, des collectionneurs américains poussant ce dessin jusqu’à un prix record. »
Étude Tajan, Drouot, 20 octobre.

2 000 000 F
Achetée à Zadkine en 1948, cette sculpture en bois teinté est peut-être l’une des plus belles de cette série de l’artiste. L’expert Bruno Jaubert l’avait estimée 1 MF : « C’est le prix qu’elle avait obtenu aux enchères en 1991, mais son adjudication de 2 MF me paraît parfaitement en rapport avec la qualité exceptionnelle de cette œuvre, dans le contexte du marché actuel. Ses lignes harmonieuses et sa construction puissante la rendent compréhensive à tous, sa beauté pure dépasse les sphères culturelles et géographiques ; elle est bien typée dans la manière de l’artiste, tout en restant intemporelle. »
Étude Binoche, Drouot, 27 octobre.

2 650 000 F
Cette paire de bols en porcelaine au décor simple mais très étudié a été faite pour l’empereur de Chine Yongzheng (1723-1735). L’expert Thierry Portier en attendait 1 MF : « Ces deux bols conjuguent tous les critères des plus belles porcelaines chinoises : pureté de la forme, beauté du décor, aucun défaut de cuisson. Je n’avais jamais vu de modèles semblables qui présentent des motifs d’une grande finesse, gravés en creux et émaillés, avec des couleurs nombreuses et magnifiquement dégradées. Des marchands étaient venus du monde entier pour les acheter et c’est un professionnel français qui les a obtenus. »
Étude Piasa, Drouot, 20 octobre. 

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°522 du 1 décembre 2000, avec le titre suivant : l‘œil de l‘expert

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