Ventes aux enchères

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Les enchères stars à Paris

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 18 janvier 2017 - 999 mots

Dans plusieurs domaines, des œuvres ont pulvérisé leur estimation. C’est le cas d’un panneau de l’atelier de Rubens, d’une toile d’Ensor et d’une planche d’Hergé vendue chez Artcurial.

Arts d’Afrique et d’Océanie

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  Issu de la collection des Belges Adolphe et Suzanne Stoclet, ce rare masque en ivoire Lega a été présenté dans l’exposition emblématique « African Negro Art », organisée en 1935 au Museum of Modern Art de New York. Il constitue un record mondial tant pour une œuvre du peuple Lega que pour une œuvre d’arts premiers en France en 2016.
Au total, Sotheby’s et Christie’s Paris ont récolté 25 millions d’euros pour les arts d’Afrique et d’Océanie, contre 35,8 millions en 2015, accusant une baisse de 30 %. Le masque double Baulé provenant de la collection Vérité, cédé 5,4 millions d’euros chez Sotheby’s en juin 2015, ainsi que le reliquaire Kota de William Rubin (4,8 M€) et le reliquaire Fang ayant appartenu au marchand Paul Guillaume vendus par Christie’s en 2015 avaient fait la différence.


Mobilier ancien

2 
  Pièce phare de la collection Robert Zellinger de Balkany et meuble le plus cher dans le monde en 2016, ce Cabinet en pierres dures réalisé à Rome vers 1620 bénéficiait d’une provenance en or. D’abord propriété du pape Paul V Borghese, il a ensuite été acquis par le roi George IV pour le château de Windsor puis installé au palais de Buckingham vers 1840. Le Getty Museum de Los Angeles n’a pas hésité à en faire l’acquisition, après une âpre bataille d’enchères au téléphone. Alors même que le mobilier ancien subit la désaffection du public faute de collections majeures et en raison de prix peu incitatifs pour les vendeurs, la demande reste forte pour l’exceptionnel. Cependant, le prix atteint se situe bien en deçà de celui du Badminton Cabinet (Florence, XVIIe siècle), adjugé 27,5 millions d’euros en 2004 chez Christie’s Londres et qui reste à ce jour le meuble le plus cher au monde.


Peinture ancienne

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   Le Jugement de Pâris, panneau de l’atelier de Rubens, qui a multiplié par 200 son estimation haute, est l’œuvre ayant réalisé le plus haut prix en la matière en 2106 en France. En 2015, c’est une nature morte de Chardin, provenant de la collection Jacques Doucet, qui, adjugée 2,1 millions d’euros chez J. J. Mathias, Baron Ribeyre & associés, avait remporté la palme dans la discipline. La tendance en France pour les tableaux et dessins anciens et du XIXe siècle s’infléchit : l’année précédente, Sotheby’s, Christie’s et Artcurial avaient totalisé 39,5 millions d’euros, contre 25,6 millions d’euros cette année (– 35 %). Artcurial est leader avec 11,2 millions d’euros, suivie de Sotheby’s (10,2 M€ si l’on exclut la collection Boutet de Monvel [1881-1949], classée dans la catégorie « Œuvres modernes ») et pour finir Christie’s (4,2 M€).


Art impressionniste et moderne

4 
  C’est sous les applaudissements du public que Squelette arrêtant masques a été adjugé 7,3 millions d’euros. Cette toile du Belge James Ensor était une découverte importante dans l’œuvre du peintre : le tableau, qu’il avait donné à une famille belge, y était conservé depuis lors et n’avait jamais été exposé. Sur fond de superbe ciel rose et bleu, huit personnages bigarrés et grimaçants, habillés de masques, y jouent une comédie macabre autour d’un squelette arborant une toque de fourrure noire. La toile permet de confirmer l’hypothèse selon laquelle le peintre s’est représenté sous les traits d’un squelette à partir des années 1890. Son estimation de 1 à 1,5 million d’euros a été pulvérisée.


Arts décoratifs et design

  Le Manteau de cheminée de Jean Dunand proposé en novembre était un exemplaire unique, réalisé en laque noire, rouge et brune et agrémentée de coquille d’œuf. Cette pièce constituait le lot phare de la collection d’Henri Chwast, collectionneur discret et homme d’affaires. L’ensemble avait alors doublé son estimation pour atteindre 11 millions d’euros. Cédé 1,9 million d’euros, six fois son estimation basse, le Manteau de cheminée a pleinement profité de cet effet « collection ». Le fait que cette dernière ait été très peu vue du vivant d’Henri Chwast et que son décor synthétise parfaitement les lignes de la période Art déco a également fait monter les prix. À noter, cette pièce est aussi le plus haut prix mondial dans le domaine des arts décoratifs et du design.


Bande dessinée

6 
  La planche de l’album On a marché sur la lune réunissait Tintin, Milou et le capitaine Haddock, tous trois vêtus d’un scaphandre et découvrant la pesanteur sur le sol lunaire, de même qu’un clair de Terre. Présence des héros, beauté de la planche et moment clé d’une aventure emblématique de l’art d’Hergé ont permis à cette planche de dépasser très largement son estimation (700 000-900 000 €), en atteignant 1,5 million d’euros. Ce nouveau record pour une planche simple de bande dessinée conforte le succès inégalable d’Hergé aux enchères, loin devant d’autres créateurs, alors même que le Musée de Louvain-la-Neuve (Belgique) conserve la majeure partie de ses planches. Le record pour une planche double d’Hergé, également plus haut prix pour une œuvre de BD, avait déjà été réalisé chez Artcurial.


Art contemporain et d’après guerre
 
  Lors des traditionnelles ventes de juin, Christie’s organisait la dispersion de la collection Zeineb et Jean-Pierre Marcie-Rivière, importants collectionneurs et mécènes français. La vente « en gants blancs » totalisait alors 32,5 millions d’euros, permettant à Christie’s France de devancer ses consœurs pour l’année 2016. Lot star de cet ensemble, Man in Blue VII, de Francis Bacon, est un portrait existentialiste de l’Europe d’après guerre. La toile, acquise pour 1,1 million d’euros en 2002, fait partie d’une série de sept dont la plupart sont conservées dans des musées. Elle fut pourtant la seule exposée au pavillon de la Grande-Bretagne à la Biennale de Venise de 1954, un moment phare pour la reconnaissance internationale du peintre. Malgré ces atouts, le tableau est resté dans son estimation basse

Note

Tous les résultats sont indiqués frais compris tandis que les estimations sont indiquées hors frais acheteur.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°471 du 20 janvier 2017, avec le titre suivant : Les enchères stars à Paris

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