L’envol des Camard

Ils créent leur maison de vente

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 17 novembre 2000 - 577 mots

Reconnu pour ses ventes d’Art nouveau et d’Art déco mais aussi pour celles d’affiches de collection, le cabinet Camard se transformera en début d’année prochaine en maison de vente. Son objectif : se hisser d’ici trois ans dans le trio de tête hexagonal.

PARIS - L’initiative risque de faire beaucoup de bruit dans le petit monde des ventes publiques. Le cabinet d’expertise Camard a décidé de sortir de son pré carré pour aller ferrailler sur le terrain des commissaires-priseurs en se transformant en maison de vente. Affirmant apporter aux commissaires-priseurs la totalité ou la quasi-totalité des objets qui composent les vacations qu’ils expertisent, mais aussi se charger de la promotion de celles-ci, concevoir, rédiger et illustrer les catalogues, les Camard ont décidé de sauter le pas en créant leur propre structure, une société anonyme qui devrait être opérationnelle en début d’année prochaine, une fois la nouvelle loi applicable. N’étant pas eux-mêmes commissaires-priseurs, ils “loueront” les services de marteaux parisiens ou provinciaux qu’ils rémunéreront au forfait. “Depuis quinze ans, le marché s’est profondément transformé, explique Jean-Marcel Camard qui a succédé à son père Jean-Pierre à la tête du cabinet. Les experts détiennent et apportent désormais l’essentiel de la marchandise qui compose les ventes.” De fait, depuis 1985, les Camard proposent “des ventes clé en main aux commissaires-priseurs”, le rôle de ces derniers se limitant à officier en salle, le jour de la vacation.

Une répartition différente des marges
Prenant acte de l’évolution du rapport de force, les experts ont décidé de renégocier le pourcentage des commissions prélevées sur les ventes. Au lieu des 3 % généralement prélevés, ils ont obtenu des pourcentages pouvant atteindre 50 à 80 % des frais de la vente.

Le cabinet, connu pour ses ventes d’objets et meubles Art nouveau et Art déco, d’affiches de collection mais aussi de tableaux et sculptures XIXe et XXe, devrait ouvrir de nouveaux départements notamment en mobilier classique, dessins et tableaux anciens et bijoux. Il a, avec ses vingt-cinq salariés, co-organisé l’an passé 65 ventes qui ont généré un produit de 155 millions de francs, pour un chiffre d’affaires annuel de 12 millions de francs et un bénéfice de 2 millions de francs.

La nouvelle maison de vente, baptisée Camard & associés, travaillera en partenariat avec un financier qui soutiendra son développement. Cinq à huit millions de francs devraient être investis chaque année pour recruter de nouveaux collaborateurs, faire connaître le cabinet au moyen de campagnes de publicité, et développer l’activité. “Notre objectif est de nous hisser dans les quatre ans parmi les toutes premières maisons de vente françaises pour ensuite nous développer à l’international. Nous souhaitons bâtir une maison généraliste”, poursuit Jean-Marcel Camard.

Leurs plus belles ventes se dérouleront deux à trois fois par an à l’hôtel d’Évreux, place Vendôme. En attendant d’avoir pu bâtir leur maison, les experts y disperseront, le 5 décembre avec le concours de Me Yann Le Mouel, 120 à 130 pièces de Ruhlmann, Frank et Pascaud. Ils devraient organiser au mois de mars, dans cet hôtel XVIIIe, des ventes d’Art déco mais aussi de meubles classiques, de dessins et de tableaux anciens. De façon à s’attacher les services de bons professionnels, les Camard offriront certains avantages aux experts associés à la nouvelle maison de vente. Ces derniers pourraient, dans les prochains mois, bénéficier de commissions deux fois plus élevées que celles habituellement pratiquées (6 % au lieu de 3 %), être intéressés aux résultats des ventes mais aussi devenir actionnaires de la société.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°115 du 17 novembre 2000, avec le titre suivant : L’envol des Camard

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