Le romantisme moderniste de Zwobada

Par Armelle Malvoisin · L'ŒIL

Le 1 novembre 2004 - 386 mots

La galerie Martel-Greiner est l’une des rares enseignes à défendre la sculpture du XXe siècle, se donnant beaucoup de mal pour promouvoir des artistes peu connus du grand public à l’instar de Letourneur qu’elle a présenté récemment. C’est à l’œuvre sculpté de Jacques Zwobada (1900-1967) qu’elle consacre actuellement une exposition rétrospective, laissant volontairement de côté les dessins qui sont l’autre aspect artistique à part entière de l’artiste. Depuis les années 1940, où son travail prend un autre chemin que celui de son ami Letourneur, jusqu’aux dernières Verticales des années 1960, Zwobada a acquis une vraie personnalité qui le conduit vers l’abstraction. Sa femme Antonia est sa muse, à l’origine de sa profonde mutation artistique. Dans une correspondance, le sculpteur écrit que sans elle « rien n’aurait soulevé ce monde étrange qui m’habita longtemps et qui surgit des ténèbres comme un démon… » Dans un premier temps, son travail sur le corps féminin le mène à styliser en rondeur comme pour les Maternités, Offrande, Onde, Danseuse et Amphore. Ses formes deviennent plus noueuses, massives et informelles dans ses Nymphe, Orogénie, Harmonie et Liberté de bronze, de plâtre ou de terre cuite. Des Lutteurs au Contrepoint, il pousse toujours un peu plus vers l’abstraction dans une puissante synthèse. 1954 marque le passage à la sculpture franchement abstraite avec Élévation, élancement d’éléments informels.
Dans le même esprit, naissent les Métamorphose. Sa passion dévorante pour sa femme, moteur de son œuvre, va subir le contre-coup de la mort d’Antonia en 1956, ce qui va littéralement briser le sculpteur. Zwobada ne parvient désormais à travailler qu’en hommage à sa bien-aimée disparue et lui survivra onze années. « Sa sculpture est moins charnelle, plus déchirée, plus pathétique et peut-être plus morbide », observe Hélène Greiner qui ne cache pas sa préférence pour l’élan romantique des premières années 1950. À part peut-être sa puissante Chevauchée nocturne (1959) ou dans l’Orphée et Eurydice de 1956, sujet évoquant l’impossible retour de l’être aimé. Un peu plus de trente bronzes, majoritairement des fontes anciennes, sont présentés dans une fourchette de 6 000 à 14 000 euros.

« Jacques Zwobada (1900-1967) sculpteur, rétrospective », galerie Martel-Greiner, PARIS, 71 boulevard Raspail, VIe, tél. 01 45 48 13 05, exposition 23 novembre - 18 décembre. Ouvrage disponible à la galerie (édition limitée) : Zwobada, Pierre Cabanne, éd. de l’Amateur, 1992.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°563 du 1 novembre 2004, avec le titre suivant : Le romantisme moderniste de Zwobada

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