Foire & Salon

Le Mur de Berlin

président de la Brafa

Par Alexia Lanta Maestrati · L'ŒIL

Le 17 décembre 2019 - 793 mots

Ostalgie, devoir de mémoire ou souvenir touristique, trente ans après sa chute, le « mur de la honte » continue de fasciner. Des fragments sont dispersés aux enchères ce mois-ci à la Brafa.

Collectionner -  C’est le symbole de l’Europe divisée. Le « mur de la honte » a séparé l’Allemagne en deux, de 1961 à 1989. Avec d’un côté Berlin-Est et, de l’autre, Berlin-Ouest, le monstre historique s’étendait sur 155 km et culminait à 3,60 m de hauteur. Il était en réalité composé de deux murs, véritable dispositif militaire, séparés par un no man’s land. Cette année, la foire d’art et d’antiquités bruxelloise, la Brafa, qui tient sa 65e édition du 26 janvier au 2 février, propose à l’encan cinq segments entiers de ce pan historique. Source d’inspiration pour les artistes, la face ouest du Mur fut très rapidement recouverte par des noms de l’art urbain, comme Thierry Noir qui y posa ses personnages colorés et stylisés. À l’heure du démantèlement, d’autres plasticiens s’approprièrent le Mur, comme le russe Dmitri Vrubel, qui réalisa le célèbre baiser entre Léonid Brejnev, ancien dirigeant de l’URSS, et Erich Honecker, celui de la République démocratique allemande (RDA). Mais depuis sa chute, peu d’artistes ont fait du Mur la matière première de leurs œuvres, hormis l’exemple de la collection de Sylvestre Verger.

Lors de la destruction, les pans de béton ont eu une deuxième vie et certains ont servi à des entreprises de travaux publics comme séparateur pour du sable ou pour reconstruire des routes. Quelques segments sont encore debout à Berlin, tels que le plus célèbre de l’East Side Gallery, véritable musée à ciel ouvert le long de la Spree, peint par des artistes. Autrement, rencontrer des pans de Mur entiers est chose rare, car ils sont très difficiles à déplacer. On en voit dans quelques collections et institutions, comme au Parlement européen et au siège de l’Otan à Bruxelles, dans la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg, sur l’esplanade du Neuf-Novembre-1989, à Paris, et, ce mois-ci, à la Brafa, lors de la vente caritative organisée dans le cadre de la foire bruxelloise. Ce marché est cependant florissant, puisqu’on le trouve fréquemment sous forme de petits fragments de béton qui s’acquièrent pour la plupart à Berlin, dans les lieux les plus touristiques. Mais peu de morceaux ont une valeur élevée, à l’instar de celui signé Ronald Reagan.

180 €

1_2014 « Nous passons peu de morceaux du Mur à l’encan, car il ne s’agit pas de souvenirs rares. Deux ou trois ans après la chute du Mur, nous en avons eu un certain nombre mais plus maintenant », explique Jean-Claude Dey, commissaire-priseur chez Ader spécialisé dans les souvenirs historiques. En 2014, il a vendu ce pan du Mur pour 180 euros. Cet exemple n’est cependant pas unique ; un autre fragment a été adjugé 34 euros en 2016 sur la plate-forme Drouot Digital. Ces morceaux proviennent souvent de promeneurs qui ont rapporté le vestige. Cependant, il faut se méfier des faux, car, dans la plupart des cas, aucun certificat n’est délivré.

Ader.

251 881 € 

2_2016 Président des États-Unis en fonction au moment de la chute, Ronald Reagan (1911-2004) avait adressé la phrase devenue célèbre à son homologue russe Mikhaïl Gorbatchev : « Tear down this wall! » (« Abattez ce mur ! »). Estimé entre 10 000 et 20 000 euros, ce morceau du Mur, signé par le président, et agrémenté de graffitis, a été dispersé au côté d’autres lots, d’objets en porcelaine, de vaisselle ayant tous appartenu au président et à son épouse. Sous le marteau de Christie’s à New York, ce fragment du Mur a atteint le prix record de 277 500 dollars (251 881 euros) en 2016.

Christie’s New York.

900 000 € 

3_2013 La collection de Sylvestre Verger, démarrée dès 1990, comprenait 48 fragments du Mur de Berlin. Sur ces toiles de béton, des grands noms d’artistes (Thierry Noir, Sol LeWitt, Daniel Buren, Gérard Fromanger) avaient carte blanche : « L’idée était de rendre hommage aux artistes historiques du Mur et aux grands artistes internationaux de l’art urbain », explique Verger. Vendue à l’encan en 2013, la totalité des pans a été acquise par un collectionneur anonyme.

Pierre Bergé & Associés, Paris.

Mise à prix : 15 000 € 

4_2020 La particularité de la vente caritative organisée par la Brafa est la taille des morceaux du Mur, puisqu’il s’agit de pans entiers. D’une hauteur de 3,80 m et d’une largeur de 1,20 m, leur poids s’élève à 3,60 tonnes. Il faudra donc de la place, et un sol solide pour installer ces morceaux d’histoire. Sur leurs surfaces, on y voit des graffitis, mais il est difficile de prouver s’ils sont d’origine, comme de définir leur localisation exacte à l’époque est difficilement faisable.

5 pans de murs vendus aux enchères pendant la Brafa.

« Brafa Art Fair »,
du 26 janvier au 2 février 2020. Tour & Taxis, Avenue du Port 88, 1000 Bruxelles, Belgique. Tous les jours de 11 h à 19 h, jusqu’à 22 h le jeudi 30 janvier. Tarifs : 25 et 10 €. www.brafa.art

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°730 du 1 janvier 2020, avec le titre suivant : Le Mur de Berlin

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