Foire & Salon

Le marché de l’art contemporain africain

Par Alexia Lanta Maestrati · L'ŒIL

Le 30 octobre 2018 - 750 mots

Alors que la Foire 1-54 tenait sa sixième édition en parallèle de la Frieze début octobre, Akaa ouvre les portes de sa troisième édition du 9 au 11 novembre. L’occasion de faire le point sur un marché de l’art contemporain africain en pleine forme.

Collectionner -  2017 signait une année forte pour l’art contemporain africain en France, avec des expositions comme « Art/Afrique, le nouvel atelier » à la Fondation Louis Vuitton, « Afriques capitales » à la Grande Halle de la Villette et le focus sur l’Afrique pendant la foire Art Paris. Avec la préparation en France de la Saison Afrique en 2020, les experts restent confiants. Le salon Akaa, centré sur l’art contemporain africain et le design, présente un savant mélange de quarante-quatre galeries européennes et du continent, où dialoguent artistes établis et émergents. Philippe Boutté, directeur de Magnin-A, a participé à toute les éditions de 1-54 et participe pour la première fois à Akaa : « Nous avons bien observé la foire, et nous trouvons qu’elle a bien évolué. L’avantage d’Akaa est d’être en même temps que Paris Photo, ce qui amène un grand nombre d’institutions », explique le galeriste. Toutefois, pour lui, la situation est en France « un peu compliqué[e], les institutions publiques achètent très peu. Le moteur du marché de l’art contemporain africain est anglo-saxon, la Tate a d’ailleurs monté une collection dédiée à l’Afrique. »

À Londres, la foire spécialisée 1-54 a cette année, avec l’augmentation du nombre et de la qualité des galeries, montré la maturité du marché. S’ajoute la multiplication des acteurs, avec « les premières ventes spécialisées chez Bonhams dans les années 2000, l’arrivée de 1-54 en 2012 et l’ouverture du département d’art contemporain africain chez Sotheby’s en 2016 », explique Hannah O’Leary, directrice du département d’art moderne et contemporain africain de Sotheby’s Londres. Pour elle, il n’est pas envisageable d’ouvrir un département à New York ou à Paris, où le marché est « beaucoup plus restreint ». Enfin, cette catégorisation d’art africain, très réductrice, s’estompe, avec « des artistes établis comme El Anatsui, William Kentridge ou Marlene Dumas inclus dans les grandes ventes d’art contemporain », conclut Touria El Glaoui, la directrice de 1-54.

7 000 €

1_Dominique Zinkpè Également sculpteur ou assembleur, Dominique Zinkpè est connu pour ses grandes toiles composées d’une multitude d’ibedji, des petites statuettes représentant le jumeau décédé issues des cultures Fon et Yorouba, assemblées pour former une œuvre de plus de deux mètres.Fasciné par l’idée de culte, Zinkpè s’est intéressé à l’importance donnée à la naissance de jumeaux dans les sociétés du Bénin, du Togo et du Ghana. Très engagé dans son pays, Zinkpè dirige également le Centre de Lobozounkpa à Abomey-Calavi au Bénin.

Galerie Vallois (Paris), présente sur Akaa.

+ de 100 000 €

2_Ibrahim El-Salahi Trois arbres accueillaient le visiteur dans la majestueuse cour de la Somerset House à Londres où se déroulait 1-54 en octobre. Inspiré d’une légende soudanaise, celle de l’arbre Haraz qui combat la pluie, Meditation Tree (de 142 000 à 222 000 euros) dénonce le manque d’individualité dans notre société et les comportements de mimétisme. Figure emblématique des arts arabe et africain, Ibrahim El-Salahi, né en 1930, fait partie de nombreuses collections dont celles du MoMa et de Tate Modern.

Vigo Gallery, Londres. Vendu à 1-54, à la Kamel Lazaar Foundation.

3 500 €

3_Hicham Benohoud Pour répondre à Paris Photo qui se déroule en même temps, Akaa accorde une place importante à la photographie. Sur le stand de la Loft Art Gallery, ce sont les œuvres du Marocain Hicham Benohoud (1968) qui sont montrées, après un important succès commercial lors des éditions de 1-54 à Londres et à Marrakech. Sans photomontage, l’artiste joue avec la notion d’illusion. Au cœur de sa pratique se trouvent la culture marocaine et ses structures sociales, jouant avec les identités collectives et individuelles. Ses œuvres font notamment partie des collections de la Tate Modern et du Centre Pompidou.

Loft Art Gallery, Casablanca (Maroc), présente sur Akaa.

42 500 €

4_Bodys Isek Kingelez Consécration, en 2018 : Bodys Isek Kingelez (1948–2015) est le premier artiste africain noir à bénéficier d’une exposition personnelle au MoMA à New York. L’artiste congolais est connu pour ses maquettes de bâtiments utopistes, certaines ressemblant à des gratte-ciel ou à des pagodes, d’autres complètement inventées, mais souvent inspirées de la ville de Kinshasa, où il a vécu. Conçues à partir de matériaux de récupération (carton, coton, plastique), il en fait des villes aux silhouettes inhabituelles, colorées, dans une vision idéale propre à l’artiste, dans un nouveau contexte africain postcolonial.

Vendu chez Sotheby’s en mars 2018.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°717 du 1 novembre 2018, avec le titre suivant : Le marché de l’art contemporain africain

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