Art Paris

Le centre et la périphérie

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 31 mars 2009 - 451 mots

La foire organisée dans la nef du Grand Palais a, comme tous les autres salons, pâti de la crise. Les collectionneurs français ont néanmoins répondu présent

PARIS - Le visiteur de la dernière édition d’Art Paris, qui s’est tenue du 19 au 23 mars au Grand Palais, à Paris, avait tout intérêt à ne pas quitter l’allée centrale, où étaient regroupées les meilleures galeries du salon. Tout juste trouvait-on en périphérie de rares poches de résistance comme Oniris (Rennes), la Galerie Guillaume (Paris) et son stand consacré à Jean Olivier Hucleux ; Thessa Herold (Paris) présentant François Dufresne ; ou Lélia Mordoch (Paris) avec l’intéressant one-man show de Julio Le Parc. Quelques accrochages, tel celui subtil de Vera Pagava chez Bernard Bouche (Paris) ou les merveilleux dessins de Fred Deux chez Les Yeux fertiles (Paris), offraient d’heureuses parenthèses.
Comme tous les autres salons, Art Paris a pâti de la crise. Hormis l’inénarrable Guy Pieters (Knokke-le-Zoute, Belgique), les Parisiens Daniel Templon et Nathalie Obadia, Guy Bärtchi (Genève) ou Oniris, les exposants faisaient pour la plupart d’entre eux grise mine. « On sent un tassement général. Les gens se demandent s’ils ont encore le droit de se faire plaisir par les temps qui courent… », déplorait Claudine Papillon (Paris). Certains collectionneurs français ont pourtant répondu présent. Gilles Fuchs a ainsi acquis un papier de Gérard Traquandi chez Laurent Godin (Paris), tandis que Daniel et Florence Guerlain ont acheté une pièce de Philippe Favier chez Guy Bärtchi. Michel Soskine (Madrid) a fait florès, mais principalement avec des œuvres à petits prix, notamment les dessins très virtuoses de Fabien Merelle. Idem pour Dukan & Hourdequin (Marseille), lequel a vendu comme des petits pains les dessins obsessionnels de Nicholas Di Genova.

Des absents
Si les organisateurs de la foire n’ont guère de prise sur l’environnement économique, ils peuvent néanmoins influer sur le contenu artistique. Certains imputaient une baisse de la qualité à l’absence des enseignes parisiennes Galerie 1900-2000 et Louis Carré & Cie. « Par esprit de collégialité, des galeries auraient dû s’inscrire », martelait Jean Brolly (Paris), lequel n’a pas fait ses frais. « Beaucoup d’exposants ont réduit leurs surfaces, le Grand Palais a augmenté ses tarifs de 30 %, ajoutait Henri Jobbé-Duval, codirecteur du salon. Que pouvait-on faire ? Sous prétexte d’être élitiste, je ne vais pas empêcher les gens de travailler ! » À ratisser large pour remplir tous les stands, Art Paris manque à nouveau d’une identité forte. Doit-elle rester une coupe du marché, avec les travers que cela suppose ? Ou faut-il opérer de vrais choix stratégiques, voire des sacrifices d’ordre financier, pour renforcer sa place de seconde foire parisienne ? La réponse est dans le camp du nouvel actionnaire, Luxrule.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°300 du 3 avril 2009, avec le titre suivant : Le centre et la périphérie

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