Le Carré Rive Gauche poursuit sa cure de jouvence

Par Roxana Azimi · L'ŒIL

Le 1 juin 2004 - 561 mots

Avec l’arrivée de nouveaux antiquaires,
et depuis sa précédente édition, le Carré Rive Gauche continue de rajeunir et lance de nouvelles initiatives.

Malgré la crise qui frappe le monde des antiquaires, le Carré Rive Gauche reste attractif. Certes, il peut déplorer en un an trois départs, celui de Révillon d’Apreval, prévisible car la galerie était dormante depuis plusieurs années, de Nathalie Zaquin, spécialisée dans le xxe siècle, et enfin du Vieux Manoir, fermé après plusieurs décennies de bons et loyaux services dans le domaine de la céramique. On peut aussi regretter que derrière les poids lourds du quai Voltaire comme la galerie Bailly, Ratton-Ladrière ou les Chevalier, les rues adjacentes soient submergées de décoration qui, peu à peu, rogne le lustre du quartier. Malgré l’immobilisme généralisé des antiquaires, la relève se poursuit. On observe l’arrivée très acclamée d’Antoine Laurentin, spécialisé dans les tableaux XIXe et XXe. Ayant pris ses quartiers dans l’ancienne galerie des Révillon d’Apreval, il y a fort à parier qu’il donnera plus de souffle au périmètre.
Pour répondre à la désaffection croissante des galeries, la notion d’événement est impérative. D’autant que certains marchands du Carré tendent à vivre sur leurs acquis. Face à la désertion de la clientèle, les organisateurs du Carré ont pris les devants en développant un site internet. « À cause de la crise, beaucoup de clients américains fonctionnent par correspondance. La jeune clientèle susceptible de s’intéresser à ce que nous faisons était en demande de ce type de prestation », assure le marchand Marc-Antoine Patissier, membre du bureau du Carré. Outre le site, la manifestation du Carré Rive Gauche fait figure de bol d’oxygène dans une période ankylosée. « C’est une des plus anciennes manifestations parisiennes. La mythologie de l’objet extraordinaire est tenace et à cette occasion de vraies affaires se font », insiste Antoine Laurentin.
Le Carré poursuit l’idée de croisière, initiée l’an dernier, en lui donnant une coloration blanche. Une énième thématique « tarte à la crème » ? « C’est important de donner une couleur pour que les gens aient un point de départ dans leur idée d’aménagement, leur choix d’objet. Ce n’est d’ailleurs pas très restrictif comme choix », défend Marc-Antoine Patissier. Cette couleur virginale se décline d’une bibliothèque tournante de Claudio Sanocchi (1963) pour la maison Sormani en bois laqué blanc chez HP Antiquités à une marine au clair de lune d’Amédée Marcel-Clément chez Thierry Mercier. Gabrielle Laroche propose un coffre d’époque gothique allemand en chêne bardé de fer tandis que la galerie Gilgamesh expose une stèle funéraire de Palmyre. La galerie Chevalier, qui fête ses vingt ans, déploie une tapisserie de Bruxelles aux armes de la famille Bossi.
Certaines enseignes font l’effort d’une exposition qui, sans être toujours renversante, témoigne d’un travail de galeriste. Antoine Laurentin inaugure son espace avec une sélection d’œuvres de Marie Laurencin, certaines bien choisies, d’autres un brin commerciales. Spécialiste affûté en tableaux anciens, la galerie Bailly défend toujours avec enthousiasme le peintre Yves Clerc tandis qu’Éric Allart, qui a pris le risque de s’agrandir en février, présente une sélection de meubles créés entre 1969 et 1975 par Willy Rizzo. Rue des Saints-Pères, la jeune galerie Vintage reconstitue un appartement new-yorkais des années 1950, vision indéniablement fantasmée où se côtoient Charles Eames, Jean Royère et Georges Mathieu !

Carré Rive Gauche, la Croisière blanche, PARIS, VIIe, 9-13 juin, tél. 01 42 60 70 10, www.carrerivegauche.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°559 du 1 juin 2004, avec le titre suivant : Le Carré Rive Gauche poursuit sa cure de jouvence

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