Ventes aux enchères

« Le bureau français va dépendre du Président de Christie's Monde »

Par Marie Potard · lejournaldesarts.fr

Le 6 septembre 2019 - 882 mots

PARIS

Le nouveau duo à la tête de Christie’s France explique ses missions et esquisse les changements qu’il veut apporter.

Cécile Verdier © Francesca Mantovani
Cécile Verdier
© Francesca Mantovani

La filiale française de Christie’s, qui appartient à François Pinault vient de changer de gouvernance. François de Ricqlès (président) et Edouard Boccon-Gibod (directeur général) ont respectivement été remplacés par Cécile Verdier et Julien Pradels. 

Comment allez-vous vous répartir les tâches ?
Cécile Verdier (C.V) : mon travail en tant que présidente est de trouver des collections et de fidéliser nos clients collectionneurs. C’est un travail de représentation de Christie’s auprès de tous les acteurs avec lesquels nous travaillons (presse, collectionneurs ou institutions culturelles). Je vais aider les spécialistes de la maison à trouver des œuvres qui correspondent à ce que l’on a envie de vendre et ce que le marché recherche, que nous vendrons ensuite à Paris ou dans nos autres lieux de vente internationaux. Je souhaite également que l’on connaisse mieux nos experts et spécialistes car le cœur de notre métier, c’est l’art, les objets et l’expertise. 

Julien Pradels © Christie’s Images
Julien Pradels
© Christie’s Images

Julien Pradels (J.P) : j’exerce des fonctions organisationnelles qui viennent en support de celles de nos spécialistes : les aider à travailler, à se coordonner, à être le plus efficace possible par rapport au marché, par rapport à nos clients, dans le respect et la bonne humeur. Faire travailler les spécialistes et les fonctions supports ensemble est primordial. 

Que sont devenus François de Ricqlès et Edouard Boccon-Gibod ?
C.V : François de Ricqlès a passé 18 ans chez Christie’s. Il est parti au mois de juin et n’est donc plus salarié de la maison, il a créé une société. Il a cependant un accord de partenariat avec nous en tant qu’apporteur d’affaires. Edouard Boccon-Gibod a également quitté Christie’s d’un commun accord en juin après 4 ans de mission ; pour l’instant il fait une pause. L’équipe, telle qu’elle avait été mise en place à l’époque n’était peut-être pas très claire quant au rôle de chacun. 

Quelle part du chiffre d’affaires représente Christie’s Paris dans le chiffre mondial ?
J.P :
Christie’s Paris représente un peu moins de 10 % du chiffre d’affaires mondial mais on apporte beaucoup d’œuvres qui sont ensuite vendues à Londres ou New York parce que ces marchés là, pour certains artistes, sont plus porteurs. Si l’on prend le « sourcing » en considération, on triple le chiffre d’affaires.

Je crois que vous allez changer le rattachement de la filiale française ?
C.V :
oui, auparavant, le bureau de Paris était rattaché à une direction Europe. Le groupe vient de décider que la France serait un cas à part en Europe : le bureau français va désormais dépendre directement du président de Christie’s Monde, Guillaume Cerutti, et non plus du patron de Christie’s Europe (Dirk Boll). C’est un bureau de 130 personnes, le seul en Europe qui comporte autant d’employés. Si nous faisons des ventes dans d’autres pays européens, ce sont des équipes qui sont montées sur mesure au moment d’une vente. Et comme Guillaume Cerutti est français, tout va aller plus vite, d’autant plus qu’il nous a donné carte blanche pour Paris. 

J.P : en résumé, à Paris, tout le monde travaille ensemble - quelque soit sa spécialité - pour les ventes de Paris. 

Allez-vous modifier la stratégie de Christie’s France ?
C.V :
nous sommes arrivés le 22 juillet et le bureau a fermé 15 jours au mois d’août donc ce serait très présomptueux de notre part de dire que nous avons établi une stratégie en 15 jours. Nous allons la mettre au point ensemble avec les équipes de Christie’s. Notre ligne directrice ? Travailler tous ensemble, de manière plus collégiale.
Pour autant je peux dire qu’il y a une volonté de Christie’s de se considérer comme un acteur culturel. Aussi, notre ambition est de nous ouvrir à de nouveaux collectionneurs et de nourrir constamment le lieu, en y montrant aussi des choses qui ne sont pas à vendre.

J.P : nous voulons apporter plus de transparence sur ce qu’est une maison de ventes aux enchères notamment auprès du grand public. Notre agrandissement (Christie’s vient de racheter la galerie Vercel à sa droite), inauguré à la rentrée prochaine, va nous permettre d’avoir une vitrine et de repenser notre manière de communiquer sur ce que l’on offre. Tout le rez-de-chaussée, notamment le parcours d’un client qui est aujourd’hui un peu compliqué, va être repensé. Les travaux débutent à Noël. Nous souhaitons également réfléchir sur ce que, à long terme, Christie’s Paris veut devenir par rapport au groupe et au marché parisien. Nous aimerions apporter en France des pièces qui reflètent le goût de nos collectionneurs français.

C.V : côté Monde, les ventes avec des correspondances entre spécialités vont être développées car aujourd’hui, les collections sont davantage « multi-catégories ». Par ailleurs, il va y avoir de plus en plus de ventes de collections puisque les gens changent de plus en plus de vie, de goût. Ce ne sont plus uniquement des ventes après-décès.

Quel impact pourrait avoir le Brexit ? 
JP et CV :
Nous ne savons pas ce qu’il va se passer donc il est difficile pour nous d’anticiper. Nous agirons en fonction des opportunités du marché. Il est possible que ce soit une chance pour la place de Paris mais il est absolument trop tôt pour le dire. En tout cas, nous sommes prêts pour les 2 scénarios. Les locaux ici nous permettent d’absorber, s’il le faut, plus d’équipes.

Propos recueillis par Marie Potard

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