Expertise

L’art, l’argent et la science

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 21 janvier 2011 - 631 mots

Deux colloques abordent l’expertise des œuvres d’art, l’un s’attachant à la question de la valeur de l’art et l’autre balayant les diverses méthodes scientifiques au secours de la justice.

PARIS - Le monde des experts est en effervescence. À l’occasion de deux colloques sur l’art, programmés à quinze jours d’intervalle à Paris, deux familles complémentaires d’experts vont présenter les spécificités de leurs spécialités, soit d’un côté, les experts artistiques, et de l’autre, les scientifiques. Le premier colloque lancera la question, souvent taboue, de ce qui fait la valeur d’une œuvre d’art. « C’est le 4e colloque que nous organisons sur l’expertise. Après « Marché de l’art : l’expert dans tous ses états »  en 2004, « Vrai et faux : les critères de l’authenticité dans le marché de l’art »  en 2006, suivi de « La beauté réparée : les critères de l’authenticité »  en 2008, l’étape de la question financière s’est imposée », indique Henry Bounameaux, président de la Cedea (Confédération européenne des experts d’art) qui organise les deux journées de débat des 27 et 28 janvier. Une première table ronde réunira les principaux acteurs du marché (un commissaire-priseur, un expert, un marchand et un collectionneur) qui confronteront leurs points de vue. Une deuxième table ronde permettra de passer quelques spécialités à la loupe, comme celle des autographes avec l’expert parisien Frédéric Castaing ou celle des souvenirs historiques dont Jean-Claude Dey est un spécialiste. La troisième table ronde reviendra sur les évolutions et tendances du marché et accueillera notamment, sur ce thème, le professeur Philippe Chalmin, intarissable sur les effets de la crise, l’expert Pascal Odille pour les nouveaux marchés du Moyen-Orient, ou encore le marchand Benoît Ramognino au sujet de l’engouement actuel pour le design. La quatrième et dernière table ronde abordera les questions liées au patrimoine autour de six invités, dont le président de la Bibliothèque nationale de France, Bruno Racine, pour le mécénat, et le banquier Guillaume de Saint-Seine pour tout ce qui touche aux placements, aux investissements et à la spéculation.

Compétition entre experts et faussaires
Le second colloque du 10 février se place sous l’égide du barreau de Paris, de l’École française du barreau, de l’École nationale de la magistrature, de l’université de Paris-II et de l’association Art et droit. Il réunira un groupe d’experts scientifiques amenés à analyser des objets d’art à l’aide de techniques appropriées selon la nature des œuvres qui leur sont confiées, notamment dans le cadre judiciaire. Parmi les intervenants, notons la présence de Jean-Louis Clément, expert agréé par la Cour de cassation, qui discutera de la compétition entre faussaires et experts, en partant de l’appréciation subjective jusqu’à la preuve objective. Le capitaine Laurent Chartier, chef du département Signal-image-parole à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), présentera l’imagerie et la modélisation en trois dimensions en prenant l’exemple de la Négresse captive de Carpeaux. Parce que connaître la matière permet de dater une œuvre, la participation de Bertrand Duboscq, du laboratoire MSMAP (Micoanalyse-sciences des matériaux anciens et du patrimoine) sera aussi très instructive. Il reviendra notamment sur le cas de la fameuse sculpture controversée Sésostris III dont il avait fait par le passé une analyse en tracéologie, prouvant la présence suspecte de fer dans la taille primitive de l’objet, sous l’œil de son microscope électronique. Notons encore l’intervention du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF). Enfin, pour se faire une idée de « la justice sous l’influence des experts », Marie-Christine Courboulay, vice-présidente au tribunal de grande instance de Paris, expliquera la différence entre la vérité scientifique et la vérité judiciaire.

ART : ET SI L’ON PARLAIT D’ARGENT ?

les 27 et 28 janvier, 16h-20h, Drouot Montaigne, 15, avenue Montaigne, 75008 Paris, tél. 01 40 22 91 14 ou 01 42 22 78 15. Entrée libre

L’ART, LA SCIENCE ET L’EXPERT

Le recours aux sciences et techniques dans l’expertise des oeuvres d’art, le 10 février, 9h-17h, Maison du barreau, 11, place Dauphine, 75001 Paris, entrée libre dans la limite des places disponibles, préinscription au 01 43 43 78 37/38

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°339 du 21 janvier 2011, avec le titre suivant : L’art, l’argent et la science

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque