Éditorial

L’art, fer de lance des nations

Par Stéphane Renault · Le Journal des Arts

Le 15 février 2018 - 251 mots

En 1977, le Centre Pompidou ouvrait ses portes avec une rétrospective de Marcel Duchamp, « Paris-New York » et une exposition consacrée à un artiste allemand, alors âgé de 45 ans : Gerhard Richter.

Le peintre se hisse cette année en tête du classement des 100 artistes les plus exposés dans le monde, détrônant Bruce Nauman. Qu’un Allemand qui a grandi en RDA avant de passer à l’Ouest en 1961 devance aujourd’hui un Américain n’est pas anodin. Faut-il y voir la fin d’une suprématie ? On connaît le rôle joué par la CIA dans la promotion de l’expressionnisme abstrait. La guerre froide fut aussi culturelle. Empruntant aux codes de la publicité, le Pop Art a propagé le rêve américain. Depuis, les créateurs « made in USA » dominent la scène internationale. Donnant la priorité à ses artistes, la première puissance mondiale leur a consacré un musée exclusif, le Whitney Museum of American Art, à New York. Protectionnisme ? À l’instar de ses compatriotes, Richter bénéficie tout autant et de longue date du soutien muséal et des collectionneurs outre-Rhin. Dès ses débuts, David Zwirner, galeriste allemand installé à Manhattan, l’a représenté. Comme Nauman, il a été montré par des institutions prescriptrices, à commencer par celles de son propre pays. L’art est aussi affaire de « soft power », un ambassadeur. Exposer ses créateurs, c’est assurer leur notoriété pour mieux les exporter. De ce point de vue, la France a encore beaucoup à faire. Seuls 6 Français figurent dans le Top 100 mondial, le premier à la 53e place…

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°495 du 16 février 2018, avec le titre suivant : L’art, fer de lance des nations

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