L’aristocratie du mobilier XVIIIe

Par Roxana Azimi · L'ŒIL

Le 1 décembre 2005 - 394 mots

Qui est donc Jean Rossignol, dont Artcurial disperse une dizaine de meubles du XVIIIe le 13 décembre ? Au vu des œuvres du catalogue, cet ancien propriétaire des Carrières réunies de l’Île de France, décédé en 1984, était un homme de goût. De la même trempe que d’autres amateurs éclairés comme le Français Martial Lapeyre et l’Iranien Djahanguir Riahi, il a su accumuler sa vie durant des chefs-d’œuvre du siècle des Lumières.
De nombreuses pièces acquises par ce collectionneur ont d’ailleurs depuis atterri dans les musées. C’est le cas d’un cabinet en ébène et panneaux de cire, achat personnel de Louis XVI, conservé actuellement au château de Versailles. Il en va de même pour un tableau de Jean-Honoré Fragonard,
le Songe du mendiant, aujourd’hui au musée du Louvre.
Une première vente chez Tajan Monaco avait suivi la mort du collectionneur en 1984. Ce second volet décidé par ses descendants ne compte que onze pièces. Mais pas n’importe lesquelles comme en témoigne l’estimation coquette de 3 à 4 millions d’euros. Parmi les fleurons, on relève une commode galbée en laque de coromandel par BVRB, un objet qui, d’après l’expert de la vente Roland de L’espée, devrait figurer dans les collections nationales. Pour cet exemple de mobilier conçu pour le cabinet de Chine de la duchesse du Maine, au château de Sceaux, Artcurial mise sur l’estimation de 800 000 à un million d’euros.
Pour la même estimation, on retrouve un bureau plat estampillé de Joseph Baumhauer, décoré de 24 plaques en porcelaine de Sèvres. Ce modèle créé vers 1763-1765 est l’exemple parfait de la collaboration entre les ébénistes et les marchands merciers. L’adjonction de plaques de Sèvres a ainsi été dictée par le célèbre marchand mercier Simon-Philippe Poirier. D’après le spécialiste Jean-Dominique Augarde, ce bureau aurait été livré au comte de Cobenzl, diplomate et homme de confiance de l’impératrice Marie-Thérèse.
Les estimations ont parfois été augmentées par rapport aux premières prévisions des experts sur la base des montants indiqués sur d’anciens passeports de sortie. Les meubles sont certes de grande qualité et de surcroît dotés de provenance et ont également le mérite de ne pas avoir été vus sur le marché depuis longtemps. Mais peut-être aurait-il mieux valu rester avec des estimations douces dans un marché où le XVIIIe siècle n’est pas forcément roi.

Collection Jean Rossignol, vente le 13 décembre, Artcurial, 7 rond-point des Champs-Élysées, Paris VIIIe, tél. 01 42 99 16 16.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°575 du 1 décembre 2005, avec le titre suivant : L’aristocratie du mobilier XVIIIe

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