Art contemporain

La sculpture monumentale d’extérieur

Par Alexia Lanta Maestrati · L'ŒIL

Le 27 juin 2018 - 794 mots

Afin de répondre à la floraison des parcs de sculptures partout dans le monde, le marché s'organise pour fournir en œuvres monumentales les collectionneurs.

Collectionner - « Il n’y a pas de tendance à proprement dite pour la sculpture monumentale. Toutes les thématiques, tous les matériaux sont utilisés, et il y a une telle gamme de possibilités, notamment avec les nouvelles technologies », commente Jennifer Flay, directrice de la Fiac et de son parcours Hors les murs. S’il est difficile de déceler une tendance sur le marché de la sculpture grand format, la saison estivale est particulièrement riche en musées à ciel ouvert pour mériter qu’on s’y attarde un peu. Parmi les nouveautés de 2018, le lecteur retiendra donc l’ouverture, sur l’île de Porquerolles, de la Fondation Carmignac et de son parc agrémenté d’une douzaine d’œuvres monumentales de Miquel Barceló, Nils-Udo ou Jeppe Hein. La Commanderie Peyrassol inaugure, quant à elle, quatre nouvelles sculptures, dont une carafe monumentale en fer forgé de Joana Vasconcelos et un arbre blanc en aluminium, icône de l’œuvre d’Ugo Rondinone, à visiter à pied ou en calèche. Au château La Coste, les œuvres de Kengo Kuma et Ti-A complètent le parcours constitué d’œuvres déjà créées in situ.

Le marché de la sculpture monumentale est porté par les galeries qui permettent aux artistes de mener des projets onéreux et qui offrent aux collectionneurs des prestations adaptées. Car, en effet, il s’agit souvent d’œuvres de commande, créées en réponse à leur environnement, où le collectionneur intervient parfois avant la production de l’œuvre. « Nous travaillons en amont des expositions avec les collectionneurs. Ils ont déjà une idée précise de ce qu’ils vont voir et les ventes se concrétisent au moment où ils découvrent l’œuvre », explique Loïc Garrier de la Galerie Ceysson & Bénétière. Les foires se sont adaptées à ce marché. Le parcours Hors les murs de la Fiac, inauguré en 2006, amène l’art dans l’espace public tout en restant un événement marchand. En 2017, « il me semble que toutes les œuvres présentées place Vendôme ont été vendues ; deux sur quatre le soir du vernissage », commente Jennifer Flay. En raison d’un marché restreint, les maisons de ventes n’ont tout naturellement pas bénéficié de l’engouement suscité par la course à la monumentalité. « En moyenne, nous vendons entre cinq et dix œuvres contemporaines de plus de deux mètres par an. Et pour l’art moderne, c’est encore plus rare », relate Étienne Salon, expert chez Christie’s Paris.

273 000 €
4_Bernar Venet Les arcs en acier sont la signature de Bernar Venet, qui connaîtra une forte actualité à la rentrée à Lyon et à Nice. Les sculptures de l’artiste français connaissent un succès international et passent régulièrement à l’encan, à Paris, à New York et à Londres. En 2018, Indeterminate Line, d’une hauteur de plus de 2 m, exposée devant le Rockefeller Center à New York, s’envolait pour 372 500 dollars sous le marteau de Christie’s, et ce 212.5°ARC x 2 a été adjugé 273 000 € euros chez Sotheby’s Paris. Pendant la saison estivale, la Fondation Venet et son parc de sculptures au Muy ouvrent leurs portes sur rendez-vous.
Environ 60 000 €
3_Stefan Rinck Un ensemble de sculptures sera inauguré le 25 août lors de l’ouverture de Beaupassage, un passage à ciel ouvert dans le VIIe arrondissement parisien. Cette initiative est le fruit du programme « 1 immeuble, 1 œuvre », lancé par le ministère de la Culture en 2015, auquel le groupe Emerige participe. Exposé pendant la Fiac Hors les murs, en 2017, Les Trois Mangoustes de Stefan Rinck pèsent 10 tonnes et mesurent plus de 2,5 m. Référence au documentaire Les statues meurent aussi (1953) de Chris Marker et Alain Resnais, elles soulignent le manque de visibilité de l’art africain au sein des musées.
95 000 € l’ensemble
2_Pugnaire et Raffini Les artistes Florian Pugnaire et David Raffini travaillent parfois ensemble, parfois séparément. Onde, présentée à la Fiac en 2017, est composée de 24 tôles représentant les 24 images d’une séquence d’une seconde d’un film animé. Immobile et en mouvement, l’œuvre en acier reflète son environnement. Démontable, le collectionneur peut choisir le nombre de tôles : 95 000 euros pour 24 tôles et 55 000 euros pour 12 tôles, par exemple. Le coût de production de l’œuvre est d’environ 20 000 euros.
Au-delà du million
1_Richard Serra Culminant à 17 m de hauteur dans la nef du Grand Palais en 2008, ou à 24 m de hauteur à Doha, les structures métalliques de Richard Serra sont des icônes du gigantisme. Quelques-unes de ses œuvres, plus modestes, sont récemment passées à l’encan. En 2013, LACone (1986) de 4,5 m était adjugée 4,2 millions de dollars chez Christie’s New York et, en 2012, la maison adjugeait Schulhof’s Curve (1984), de 11 m de longueur, pour 2,8 millions de dollars.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : La sculpture monumentale d’extérieur

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