antiquaires

La biennale hors-les-murs

L'ŒIL

Le 1 septembre 2000 - 649 mots

À côté du noyau dur des « accros » qui ne manquent pas une Biennale, il y a les participants à éclipses et puis ceux qui profitent de l’événement pour vaquer à leurs occupations personnelles. Une chose est sûre : pendant la Biennale, les professionnels sont sur le pied de guerre car ils ont sous la main le gratin des amateurs, des conservateurs et du négoce du monde entier. C’est pourquoi, dîners, réceptions et expositions privées fleurissent à tout va. Concurrence déloyale ces manifestations périphériques, choquantes ces mini biennales hors-les-murs ? « Pas du tout, assure Dominique Chevalier, secrétaire général de la Biennale. Ces marchands ont participé à leur heure, ils laissent la place aujourd’hui aux futurs grands du XXIe siècle. Leurs projets privés apportent un plus. C’est excellent. »
De fait, au fil des ans les Kugel, Rossi et Fabre se sont retirés sur la pointe des pieds. Depuis, les premiers organisent au même moment des expositions très remarquées. Cette année, le thème retenu est « Joyaux Renaissance, une splendeur retrouvée ». 200 bijoux vont surgir pour la première fois dans une galerie privée. Passionnant, surtout si l’on sait que nombre d’entre eux, certains au sein même des musées, considérés comme d’époque, ont été depuis peu donnés à un orfèvre du XIXe Reinhold Vasters. « Il convient, dit Nicolas Kugel, de procéder à un réexamen critique afin de redéfinir l’authenticité des œuvres en circulation et d’assainir le marché. » Parmi les plus belles pièces exposées, un collier italien en or émaillé et rubis daté entre 1480 et 1500. Cette année, deux autres grands de la profession ont décliné l’invitation : Maurice Segoura et Ariane Dandois. Le premier, qui dément formellement les rumeurs courant sur son éviction de l’hôtel de la place François Ier racheté par Pinault, entend prendre un peu de recul. Pour autant, il ne fera pas de « contre-Biennale » à domicile. « Je ne veux pas tirer profit du travail des autres, dit-il, ce ne serait pas correct. » Ariane Dandois fait un autre choix. Elle vient de s’installer place Beauvau dans 600 m2. Un travail gigantesque qui lui a pris ses jours et ses nuits. « Comment ne pas recevoir mes clients dans cet espace merveilleux, sans commune mesure avec les 54 m2 que l’on me propose au Carrousel du Louvre », dit-elle. Il est vrai que les pièces qu’elle met en scène sur le thème « Le style Empire et sa conquête de l’Europe : 1800-1850 » sont spectaculaires. Là encore, le souci de faire découvrir et comprendre est évident. On ne sait pas toujours que le style Empire a essaimé dans toute l’Europe. Inextricablement lié au règne de Napoléon qui lui a donné son nom, il a exercé un rayonnement d’une grande portée, influençant les arts décoratifs de Madrid à Saint-Pétersbourg. On en verra, chez elle, plusieurs exemples. De Russie vient une paire de fauteuils en acajou et laiton doré à décor de rayons de soleil, d’Italie un guéridon en bois peint et boisé à décor de femmes ailées, de France une paire de vases fuseau, à décor de sphinges... Troisième exposition hors-les-murs, celle de Maroun Salloum. Le Franco-Libanais est décidément un cas à part. Il joue sur les deux tableaux en exposant à la Biennale et chez lui. Et comme ce qu’il fait sort de l’ordinaire, on y découvrira le ferro battuto (L’Œil n°513). De quoi s’agit-il ? D’œuvres en fer battu créées dans les dernières années du XIXe. Il y a là du byzantin, du néo-gothique. Un créateur Carlo Rizzarda, élève de Alessandro Mazzucotelli, travaillait à Feltre, dans un palais Renaissance devenu à sa mort un musée. Il est fermé aujourd’hui pour cause de travaux. En attendant sa réouverture, une partie des collections a pris le chemin de la galerie Maroun Salloun. Elle viendra appuyer les œuvres sur le même thème présentées sur le stand de l’antiquaire à la Biennale.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°519 du 1 septembre 2000, avec le titre suivant : La biennale hors-les-murs

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