Ventes aux enchères

Souvenir historique

La bataille de Fontainebleau

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 25 juillet 2007 - 495 mots

Classé monument historique, le sabre de Napoléon à Marengo a été racheté aux enchères par l’un des descendants de Jérôme Bonaparte pour 4,8”¯millions d’euros.

FONTAINEBLEAU - Adjugé 4,8 millions d’euros le 10 juin à Fontainebleau, le sabre porté par Bonaparte 1er Consul à la bataille de Marengo a été, le temps d’un week-end, le souvenir historique le plus convoité du monde. L’empereur Napoléon 1er l’offrit en 1805 à son frère Jérôme, futur roi de Westphalie. Un portrait officiel par François-Joseph Kinson, conservé dans les collections du château de Versailles et du Trianon, représente Jérôme Napoléon avec son épouse Catherine de Wurtemberg, en tenue d’officier général de la Garde, tenant ce sabre à la main. Cette arme de la manufacture de Versailles, dessinée par Nicolas-Noël Boutet, toujours restée dans la famille de Jérôme Bonaparte, était portée pour la première fois aux enchères par les huit descendants du grand homme, tous propriétaires en indivision, sur une estimation de 1,2 à 1,5 million d’euros. Or, si aucun objet napoléonien de cette importance n’était encore passé en ventes publiques, le sabre de Marengo ne pouvait faire l’objet d’enchères internationales car, classé monument historique depuis 1978, il ne peut quitter le territoire français. Les musées américains tels que le Getty Museum de Los Angeles ou le Metropolitan Museum of Art de New York, et les riches collectionneurs russes qui sont prêts à dépenser des millions pour un morceau d’Empire, ne pouvaient être de la partie. Avant la vente, « j’ai subi une forte pression pour le céder à vil prix. Il y a aussi eu des tentatives de retrait du sabre pour son achat en direct, à l’amiable, nous a confié le commissaire-priseur Jean-Pierre Osenat qui parle de « tentatives de sabotage de la vente ». « Je n’ai jamais faibli. », a-t-il ajouté. Pendant la vente, le bruit a par exemple circulé que le sabre n’était pas celui de Napoléon, mais celui de son frère Jérôme. Même les musées auraient cherché à le dénigrer pour le préempter à la hauteur de leur budget.

Vœu de préemption
L’information a aussi couru que le président de la République, Nicolas Sarkozy, avait débloqué des fonds in extremis pour assurer sa préemption par le Musée de l’Armée, là où sont déjà exposés l’habit et le chapeau de Bonaparte à Marengo… « Le musée aurait pu s’enorgueillir d’un tel objet et avait obtenu l’autorisation de le préempter. Un établissement public en autonomie financière se devant cependant de maîtriser son budget, le musée ne peut en aucun cas s’engager trop au-delà de l’estimation de la valeur réelle de l’objet », nous a déclaré Émilie Perrier-Robbe, conservateur du département Moderne au Musée de l’Armée, qui était présente à Fontainebleau lors de la vente aux enchères. L’incroyable force d’attractivité du sabre a cependant attiré quatre enchérisseurs français jusqu’à 3,5 millions d’euros. Avec une enchère finale à 4,8 millions, l’arme historique a été adjugée à l’un des vendeurs et descendants de Jérôme Bonaparte. Un montant qui laisse augurer celui qu’il aurait pu obtenir si la pièce avait pu sortir du territoire…

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°262 du 22 juin 2007, avec le titre suivant : La bataille de Fontainebleau

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