Bruxelles

Judit Reigl ouvre le bal

Les toiles monumentales de Judit Reigl inaugurent la nouvelle galerie Laurentin à Bruxelles

Par Alain Quemin · Le Journal des Arts

Le 21 mai 2013 - 500 mots

BRUXELLES - Ne lui demandez pas s’il a décidé de s’installer en Belgique pour des raisons fiscales, il s’en agacerait. Depuis longtemps déjà, Antoine Laurentin souhaitait ouvrir un second espace, à Bruxelles, en plus de sa galerie du 23, quai Voltaire, à Paris, où il officie depuis plus de dix ans. Il recherchait donc activement le lieu idéal, dans le quartier des Sablons, si prisé des antiquaires. C’est désormais chose faite.

Pour l’inauguration, il convenait de présenter un événement marquant. Voilà qui est réalisé également, avec une très belle exposition consacrée à Judit Reigl. Une vie hors du commun pour celle-ci, depuis sa naissance en Hongrie en 1923, ses études à l’académie des Beaux-arts de Budapest de 1941 à 1946, huit tentatives pour fuir son pays et son passage réussi à l’Ouest, en 1950, lors d’un périple effectué le plus souvent à pied qui la conduit à Paris. D’abord proche du surréalisme, elle y expose dès 1954, s’installe en 1963 à Marcoussis, où elle vit et travaille depuis.

Une série qui grandit depuis 40 ans
Artiste reconnue, Judit Reigl bénéficie notamment de longue date du soutien de la communauté américaine d’origine hongroise et ses œuvres se sont toujours très bien vendues. L’exposition présentée à la galerie Laurentin, même si elle est consacrée à une artiste de 90 ans, se compose donc surtout d’œuvres récentes : des œuvres sur papier, de 2010-2011, appartenant à la série abstraite des Déroulements (débutée en 1973 !), un Oiseau abstrait de 2011 et une seule œuvre figurative, à l’encre sur long rouleau de papier, dessine de noirs corbeaux. Deux petites oeuvres de L’écriture d’après musique de 1966 complètent l’ensemble. Ces œuvres à l’encre de Chine sur papier sont surtout réalisées à l’éponge, dans une gestuelle qui évoque une calligraphie empreinte de sensualité et de liberté. Si le travail de Judit Reigl a peu évolué au cours du temps, ses œuvres en noir et blanc, dessins et tableaux, demeurent d’une époustouflante contemporanéité. Des œuvres d’une grande force plastique, mais les dessins pâtiront peut-être de l’aspect quelque peu gondolé du papier. Les collectionneurs seront-ils rebutés par cet aspect que l’artiste a tenu à préserver pour rendre compte de la confrontation de l’encre avec le support et de la matérialité de celui-ci ? Si l’accrochage fait la part belle aux œuvres sur papier, il comporte également quatre grandes toiles, en noir et blanc, à l’exception d’une seule, de 1961, quelque peu colorée. Le clou de l’exposition est une toile de 1966, Man, présentée au fond du rez-de-chaussée, évocatrice de Joan Mitchell et de Georg Baselitz par le geste et la composition. On passera rapidement sur les œuvres – un grand format et cinq petits – réalisées sur toile et en couleurs présentées dans la dernière salle. Bien que surtout récentes, elles apparaissent curieusement datées, évoquant l’esthétique des années 1950. Le reste de l’exposition est, quant à lui, parfaitement convaincant.

Judit Reigl

Nombre d’œuvres : 25 œuvres sur papier, 9 peintures
Prix des œuvres : 7 500 à 300 000 euros

Judit Reigl

Laurentin Gallery, Rue Ernest Allard 43, 1000 Bruxelles, Belgique. Tél. 00 32 2 540 87 11 www.galerie-laurentin.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°392 du 24 mai 2013, avec le titre suivant : Judit Reigl ouvre le bal

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