Art contemporain

Abstraction

Joël Stein, ce chercheur

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 4 janvier 2017 - 498 mots

La galerie Xippas déploie la géométrie ludique du cofondateur du G.R.A.V. beaucoup moins connu que les autres membres du groupe.

PARIS - Au milieu des années 1950, la rencontre entre François Morellet et Joël Stein (1926-2012) est déterminante. Elle va donner lieu en 1960 à la création du G.R.A.V. (Groupe de recherche d’art visuel) que les deux artistes vont fonder avec Julio Le Parc, Horacio Garcia-Rossi, Francisco Sobrino et Yvaral. Le groupe sera actif jusqu’à son auto-dissolution à la fin de 1968. Mais si Morellet bénéficie aujourd’hui d’une forte reconnaissance, tel n’est pas le cas de Stein. Sa dernière exposition importante à Paris remonte à 2001, à la galerie Lavignes-Bastille. C’est précisément pour le remettre en lumière (si l’on peut dire pour quelqu’un qui a beaucoup joué avec cet élément) que la galerie Xippas, qui représente désormais sa succession, lui donne un coup de projecteur. De même est-ce pour mieux éclairer sa démarche que le commissaire Arnauld Pierre a choisi de le replacer dans son contexte en le confrontant aux autres artistes du groupe.

Le parcours démarre ainsi avec deux œuvres de Stein, dont une petite (32 x 32 cm) Progression en bleu de 1958, lesquelles sont mises en rapport avec deux Morellet pour asseoir d’emblée les fondements de leur recherche d’une abstraction géométrique autour de la répétition d’un même motif et de la création permanente d’effets visuels. Certains d’entre eux ne dépendent que de l’œuvre elle-même, comme ce fil de Morellet qui, dans un mouvement ondulatoire, donne une impression de volume. D’autres en revanche naissent des déplacements du spectateur dans l’espace qui crée lui-même le mouvement. La deuxième petite salle illustre parfaitement cet aspect avec une Boîte lumière de Stein juxtaposée cette fois à des pièces de Le Parc et d’Yvaral. Et les étapes suivantes (cinq au total) rappellent que les œuvres de Stein reposent essentiellement sur des programmes et des situations optiques ludiques avec des labyrinthes, des miroirs, des bouliers, des kaléidoscopes, des anamorphoses…

Une production limitée
L’ensemble ici réuni est d’autant plus significatif que Stein a produit peu d’œuvres dans sa carrière. Celui qui était d’abord un théoricien et un chercheur (il a eu trois charges d’enseignement, il a travaillé avec le compositeur Pierre Schaeffer…) avait en effet comme principe de faire d’un tableau la vérification d’une idée, d’une expérience, d’une réflexion sur un effet visuel. Aussi ne s’est-il jamais lancé dans l’élaboration de séries. Souvent une seule œuvre explorant un même principe lui suffisait. Cette rareté, qui s’ajoute à la pertinence du travail, donne encore plus d’importance à cette exposition. Elle explique aussi que le prix des œuvres soit relativement élevé, entre 18 000 et 25 000 euros en ventes publiques et, en galerie, entre 8 000 euros pour les plus petits formats et 60 000 pour le plus grand tableau. Loin derrière, quand même, des 300 000 euros environ qu’atteignent certaines pièces de Morellet.

Joël Stein

Nombre d’œuvres : 32, dont 15 de Stein
Prix : entre 8 000 et 60 000 €

JOËL STEIN ET LE GRAV

Jusqu’au 21 janvier, galerie Xippas, 108, rue Vieille-du-Temple, 75003 Paris, tél. 01 40 27 05 55, www.xippas.com, du mardi au vendredi 10h-13h, 14h-19h, le samedi 10h-19h.

Légende Photo :

Joël Stein, Boîte lumière, 1964 (réédition de 2012), bois, métal, néon, miroir et moteur électrique, 65 x 65 x 26 cm. © Photo : Frédéric Lanternier, courtesy Galerie Xippas, Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°470 du 6 janvier 2017, avec le titre suivant : Joël Stein, ce chercheur

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