Foire & Salon

Jennifer Flay : « La Fiac n’a pas dit son dernier mot ! »

Par Amélie Adamo, Christine Coste, Stéphanie Lemoine, Anne-Cécile Sanchez et Fabien Simode · lejournaldesarts.fr

Le 30 septembre 2021 - 816 mots

PARIS

Entre la crise sanitaire, l’installation au Grand Palais Éphémère et le développement du numérique, la directrice de la Fiac évoque les changements auxquels la foire doit faire face.

Qu’est-ce que cet emplacement sur le Champ-de-Mars, dans un contexte urbain plus résidentiel, change du point de vue logistique ?
La logistique est complexe en raison du volume d’œuvres qui arrivent, dont certaines sont très grandes. Cela fait beaucoup de semi-remorques dans les rues. Il n’y aura pas de fermeture de voie à la circulation comme nous pouvions le faire sur l’avenue Winston-Churchill, mais il faut que les galeries soient livrées à temps pour le vernissage, et que cela soit fluide pour les exposants comme pour les riverains. Il s’agit d’éviter que le montage de la foire tourne au capharnaüm, et de limiter au maximum les nuisances. La Fiac doit servir de modèle : il est important que cela se passe bien pour la RMN-GP qui va devoir gérer d’autres événements. Je suis assez confiante. Nous avons imaginé les pires scénarios pour anticiper et résoudre les éventuels problèmes.

Quelle sera la superficie des stands des galeries au Grand Palais Éphémère ?
La Fiac perd entre 25 et 30 % de surface, d’où un nombre moins important de galeries. D’autant que la structure Eiffel [galerie ajoutée dans le prolongement du Grand Palais Éphémère, ndlr] aurait dû être un peu plus grande : sa largeur est passée de 35 à 25 m, afin de préserver une rangée de petits arbres. Pour que la majorité des galeries, qui sont habituellement rassemblées dans la nef du Grand Palais, rentrent dans l’espace, nous avons dû limiter la taille des stands à 65 m2 maximum. 

N’y aura-t-il pas d’exception ?
Non, cela s’applique à toutes les galeries. En revanche, la surface minimum n’est pas imposée. Si une galerie, pour des raisons financières, veut se contenter de 12 ou 14 m2, c’est possible : on a bien vu des expositions montées dans des chambres ou des cuisines. Le mètre carré étant très rare à la Fiac, la plupart des éditeurs investissent pour leur part des reliquats d’espace, que des galeries ne pourraient pas occuper, comme, par exemple, des espaces très peu profonds ou qui donnent sur des accès de sécurité. 

Vous avez également resserré la liste des galeries participantes.
L’édition de 2019 comptait 194 exposants ; nous en aurons un peu plus de 160 cette année. Les derniers ajustements du plan relèvent d’un travail de dentellière et certaines galeries seront présentes uniquement sur la version Online Viewing Rooms (plateforme en ligne) de la Fiac. Enfin, des galeries prennent part à la Fiac en montrant des œuvres dans le cadre de son programme « Hors les murs », sans avoir de stand sur la foire. 

La Fiac perd également le Petit Palais… Oui. Mais est-ce définitif ?
La Fiac n’a pas dit son dernier mot ! Cette année, la crise sanitaire nous a placés dans un contexte particulier, marqué par un facteur d’incertitude très élevé. Notre comité de sélection s’est tenu avec un mois de retard. Nous sommes déjà contents de pouvoir faire la Fiac, qui sera grandiose ! Ensuite ? La Fiac est un événement très important dans la vie culturelle française, qui a un rayonnement international. Tout le monde est d’accord sur ce point, à tous les niveaux de l’administration. Il y a beaucoup de bonne volonté autour de sa tenue en octobre. Je sens que nous sommes accompagnés. Alors…

Avez-vous envisagé de vous retirer l’an dernier après l’annulation très tardive de l’édition 2020 dans un contexte tendu au niveau de l’organisation ?
Vous savez, depuis que je dirige la Fiac, il y a eu de nombreux moments charnières : le retour au Grand Palais en 2006, le départ de Martin Bethenod en 2010, et, entre les deux dates, la crise financière qui a secoué le marché. Ensuite, il y a eu l’annonce des travaux du Grand Palais, en 2014, qui ont été retardés. Puis la phase des prétravaux, puis le Covid… Mon but a toujours été de laisser la Fiac en bonne santé, donc d’être aussi à ses côtés dans les moments difficiles. C’est comme un mariage : pour le meilleur et pour le pire. 

Est-ce que le développement en ligne influe sur la façon de concevoir la Fiac physique ?
L’enseignement de cette période, c’est que l’expérience physique des œuvres d’art est irremplaçable. Cela sera vrai aussi pour les gens qui découvriront la Fiac en arrivant sur le site web : ils auront envie par la suite de vivre la rencontre avec les œuvres. L’idée n’est pas d’appauvrir la Fiac physique, mais d’élargir sa portée. 

Qu’en est-il de la rentabilité économique de la Fiac physique et en ligne ?
Ce sont deux modèles différents. Le site représente des investissements importants, mais son chiffre d’affaires est dix fois inférieur à celui de la Fiac physique. Mais c’est un développement qui ouvre la possibilité pour les exposants de rencontrer un nouveau public, y compris celui qui n’a pas l’habitude d’aller dans les galeries.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°747 du 1 octobre 2021, avec le titre suivant : Jennifer Flay : « La Fiac n’a pas dit son dernier mot ! »

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