Inde - Foire & Salon

India Art Fair célèbre la scène locale

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 13 février 2020 - 503 mots

La foire indienne, qui revendique son ancrage régional, présente un panorama très sage de la création contemporaine.

New Delhi. L’India Art Fair, qui a tenu sa 12e édition fin janvier-début février, porte bien son nom. De l’extérieur elle possède toutes les caractéristiques des foires d’art contemporain avec ses grandes tentes, son public « branché » et son sponsor automobile. Ce qui n’a rien de surprenant pour un salon propriété du groupe anglais Angus Montgomery qui a racheté en septembre dernier les parts que détenait l’organisateur d’Art Basel dans la foire.

Mais très vite l’indianité s’impose, avec le joyeux désordre, la vétusté et une impression de non-fini qui caractérisent ce fascinant et attachant pays. C’est encore plus vrai à l’intérieur où plus des trois quarts des quelque 70 galeries participantes sont indiennes. Les autres, à l’exception de David Zwirner, viennent de l’Asie du Sud-Est.

Ce positionnement régional assumé par Jagdip Jagpal, la directrice de la foire, n’est pas dénué de bon sens. Pour le visiteur occidental, c’est l’occasion de découvrir une scène peu connue. Tout comme d’ailleurs pour les visiteurs locaux car malgré sa centaine de milliardaires (en dollars) et ses 330 000 millionnaires, le sous-continent indien ne se passionne pas encore vraiment pour l’art en général et l’art contemporain en particulier.

C’est peut-être pour cette raison que la production donnée à voir est avenante mais ne témoigne pas d’une création débridée. Les artistes connus à l’international – Nalini Malani, Subodh Gupta, Bharti Kher – sont peu présents voire absents. La visite des stands donne l’impression d’être revenu plusieurs décennies en arrière. Il y a très peu d’installations, de photos (le médium ne semble pas encore considéré comme un art à part entière) et encore moins de vidéos. La peinture prédomine, elle apparaît bien sage, et ne tente même pas une incursion dans la « bad painting » (coulures, graffitis, couleurs criardes, formes caricaturales), si caractéristique des foires de troisième rang.

Le miroir que l’India Art Fair tend à la société indienne paraît tout aussi sage, à l’instar du dessin Taking Care of Father de Roshan Chhabria (malgré le cynisme de la saynète) ou de Light Rain (Sudhir Patwardhan, galerie Vadehra, Paris [voir ill.]). L’imagerie colorée habituelle indienne – très kitsch pour un œil occidental – n’est jamais loin avec ses dieux folkloriques (l’éléphant Ganesh) et ses imitations de miniatures.

Le vernaculaire qui imprègne de nombreuses œuvres s’exprime souvent à travers des matériaux simples. Ce peut être les formes en bois (Drops) de Vijay Puchumani ou les textiles de l’atelier de Pichvai Tradition and Beyond (Temple Map, 2019). Le miroir évite soigneusement les sujets qui fâchent, comme la nouvelle loi sur la citoyenneté qui provoque la colère des musulmans. C’est que la directrice avait prévenu « qu’il y aurait zéro tolérance contre les manifestations ».

Curieusement, les artistes modernes indiens étaient peu représentés. C’est sur le stand de la galerie DAG (New Delhi) que l’on retrouvait un florilège des plus grands noms : le groupe Progressive (M . F. Hussain, S. H. Raza), l’école bengalaise ou le Madras Art Movement.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°539 du 14 février 2020, avec le titre suivant : India Art Fair célèbre la scène locale

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