Galerie

Georges Tony Stoll revient en peinture

Par Anne-Cécile Sanchez · lejournaldesarts.fr

Le 5 octobre 2021 - 489 mots

PARIS

La galerie Jérôme Poggi donne un avant-goût du travail pictural du plasticien marseillais, avant une rétrospective à la Collection Lambert en 2022 

Paris. L’exposition aurait pu s’intituler « Illusions », ou « Illuminations ». C’est finalement « Incontournable » qui s’est imposé à Georges Tony Stoll (né en 1955 à Marseille), en accord avec son galeriste Jérôme Poggi. Ce dernier explique : « Cela ne renvoie pas seulement à la place de l’œuvre dans l’histoire de l’art, mais aussi à l’idée que l’on ne contourne pas cette peinture, il s’agit de rentrer dedans. »

Les tableaux exposés, des petits et des grands formats (de 5 000 à 35 000 euros), appartiennent tous à la même série, « Paris Abysse », entreprise par l’artiste en 2016. Celle-ci a déjà fait l’objet d’une première exposition en 2017 et compte aujourd’hui plus de 350 références, sans pour autant être achevée. Toutes les peintures sélectionnées, ici, une trentaine, mettent en scène une « histoire de ciel et de terre », cette dichotomie se résumant pour l’essentiel à une séparation horizontale entre la partie supérieure et inférieure de la toile. 

Les couleurs ? Elles obéissent, assure l’artiste, à demi sérieux, au désordre des tubes dans l’atelier. Il y a des cieux lumineux d’azur pâle, d’autres chargés d’orages orangés, ou bien striés, ou encore bariolés, des horizons gris ardoise… La palette varie à l’infini. Une fois posés ces deux éléments, Georges Tony Stoll cherche dans ses carnets de dessins les figures qui viendront les habiter. Ces dernières traduisent souvent des réminiscences : comme cette grille de Diego Giacometti dont il gardait le motif en mémoire, souvenir d’une visite, adolescent, en compagnie de ses parents, chez Marcel Bleustein-Blanchet, dans sa villa du Cap Ferrat. Sa forme ajourée juxtapose sur un fond safrané ses entrelacs d’un rose « compliqué », apprécie-t-il comme s’il le découvrait. En s’assemblant, les objets composent des paysages oniriques, décousus, des images dans l’image. Le tout donne le sentiment d’une exécution heureuse. 

Artiste frénétique et touche-à-tout
Georges Tony Stoll aime se référer aux grands maîtres (Titien, Véronèse, Vélasquez, Goya, Turner, Munch, Picasso…) et emprunte explicitement à d’autres : ici, des cercles dansants tels ceux des Delaunay (Paris Abysse n° 358), là une fleur déployée à la façon d’une citation de Georgia O’Keeffe (Paris Abysse n° 212). Au début de cette série, il finissait environ un tableau par jour. Activité prolifique, frénétique même, comme l’ensemble de sa pratique. 
L’artiste a également produit, du milieu des années 1990 à 2016, un impressionnant corpus photographique, et s’est lancé en 2010, à un moment où il rencontrait des problèmes de vue – « le nerf optique atteint par la maladie du sida » – dans un cycle de tableaux en laine, « Identification absurde ». Vidéos, courts métrages, dessins, sculptures, textes… De cet œuvre partiellement montré dans plusieurs institutions, présent dans de grandes collections publiques (Musée d’art moderne de la Ville de Paris, Centre Pompidou…) et privées (collections Pinault, Agnès b…), une exposition à la Collection Lambert devrait tenter de donner une vue d’ensemble, au printemps prochain. Comme une découverte tardive, et sans doute nécessaire. 
 

Georges Tony Stoll, Incontournable, 

jusqu’au 23 octobre, galerie Jérôme Poggi, 2, rue Beaubourg, 75004 Paris. 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°574 du 1 octobre 2021, avec le titre suivant : Georges Tony Stoll revient en peinture

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