Trois questions à

Georges Delettrez, président de Drouot Holding et commissaire-priseur spécialisé en joaillerie

« Le marché du bijou d’occasion se porte bien »

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 13 mai 2005 - 711 mots

Comment se porte le marché français de la joaillerie ?
Le marché du bijou d’occasion se porte bien, surtout pour les belles pièces du XIXe siècle, de la Belle Époque, de l’Art nouveau ou de l’Art déco. Leurs prix évoluent bien. Le marché est particulièrement soutenu pour les créations anciennes ou modernes, signées des grands joailliers (Cartier, Boucheron, Chaumet, Van Cleef & Arpels…). Cependant, un problème de fiscalité empêche le marché de se développer à Paris plutôt qu’à Genève. Si on fait venir un bijou de l’extérieur de l’Europe, on doit payer une TVA de 19,6 %. De fait, beaucoup de bijoux créés en France ne reviennent pas sur le marché français alors même que Paris, ville mythique pour le commerce du luxe, reste la plus grande place mondiale pour la création de joaillerie. Hormis les ventes de grosses pièces qui se déroulent à l’étranger, les bijoux se vendent très bien à Paris. Pour preuve : nos concurrents, Christie’s et Sotheby’s, s’y sont mis. En 2004, ils ont organisé 7 ventes spécialisées dans la capitale. Reste un gros marché qui nous échappe. Deux à trois fois par an, d’importants événements attirent les collections de bijoux à Genève. Il existe des contraintes fiscales moins pesantes là-bas…

Quelles sont vos dernières émotions artistiques ?
L’exposition sur l’empire des Aztèques qui s’est achevée le 13 février au Guggenheim Museum de New York était une exposition magnifique avec des objets d’une qualité extraordinaire. Il y avait aussi un rapprochement à faire entre l’architecture ultramoderne du lieu et le côté contemporain que peuvent revêtir certaines pièces d’art précolombien.

Quelle est votre actualité ?
Les Temps Forts réunissent en avant-première du 25 au 29 mai à Drouot-Montaigne les œuvres les plus importantes, toutes spécialités confondues, qui seront mises en vente à Drouot en juin et juillet. L’Art déco revient cette année sur le devant de la scène avec l’importante suite de fauteuils « à la sirène » d’Eileen Gray (1878-1976) estimés 200 000-250 000 euros chacun [lire p. 36]. La maison Camard & associés proposera aussi des pièces de Diego Giacometti (1902-1985) dont une paire de fauteuils « aux pommeaux de canne » ou « aux boutons », estimée 280 000-300 000 euros ; une sculpture en bronze de Gustave Miklos (1888-1967) de 1927 représentant une Jeune fille, estimée 180 000-200 000 euros, et des œuvres de Legrain, Printz et Ruhlmann. En vedettes également, une statue Dogon du Mali des anciennes collections de René Rasmussen et du Musée Barbier-Mueller, estimée 80 000-150 000 euros (SVV Calmels-Cohen) ; une sculpture en pierre volcanique grise du Mexique d’époque aztèque, estimée 400 000-600 000 euros (SVV Binoche), et une tête masculine romaine en bronze des IIe et IIIe siècles, estimée 240 000-280 000 euros (SVV Boisgirard & associés).
Du côté des tableaux anciens, un cuivre monogrammé de Peter Binoit (1589-1632) daté de 1618 et estimé 250 000-300 000 euros (SVV Piasa) côtoiera un Paysage d’hiver d’Hendrick Avercamp (1585-1634), estimé 200 000-250 000 euros (SVV Beaussant-Lefèvre), et un portrait présumé de Jean-Baptiste Colbert par Philippe de Champaigne (1602-1674) estimé 200 000-300 000 euros (Millon & associés). Pour les modernes, un Bouquet de chrysanthèmes de Gustave Caillebotte (1848-1894) estimé 400 000-600 000 euros (SVV EVE) ; une Nature morte de Nicolas de Staël (1914-1955) estimée 200 000-300 000 euros (SVV Piasa), et des tableaux orientalistes dont L’Esclave musicienne signée Alexandre Louis Leloir (1843-1884) et estimée 100 000-150 000 euros (SVV Gros & Delettrez) seront au rendez-vous. Un important bureau plat estampillé I. DUBOIS, d’époque Louis XVI, estimé 150 000-200 000 euros (SVV Coutau-Bégarie), flirtera avec du mobilier provenant des collections du baron et de la baronne Alain de Gunzburg, dont un meuble buffet attribué à Weisweiler d’époque Louis XVI et estimé 180 000 euros (SVV Mathias, SVV Le Roux, Morel, SVV Baron Ribeyre et associés). À retenir aussi, les Portes de la Paix, un petit bijou d’orfèvrerie en argent et vermeil, inspiré des Portes du baptistère de Florence et réalisé par Fernand Bielle (1899-1973), estimé 120 000-150 000 euros (Drouot Estimations), ou encore la dernière lettre de Paul Verlaine à Arthur Rimbaud, estimée 30 000 euros (Pierre Bergé & associés)…

Temps Forts à Drouot-Montaigne, du 25 au 29 mai, 11h-18h, 15, avenue Montaigne, 75008 Paris, entrée libre, rens. 01 48 00 20 80.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°215 du 13 mai 2005, avec le titre suivant : Georges Delettrez, président de Drouot Holding et commissaire-priseur spécialisé en joaillerie

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