Focus : Art africain - Figure de reliquaire Kota

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 5 juillet 2011 - 536 mots

VENTE DU 14 JUIN, PARIS CHRISTIE’S

Chef-d’œuvre de l’art Kota, cette figure de reliquaire du peuple Ndassa, du sud-est du Gabon, s’est envolée à 1,2 million d’euros (le double de son estimation basse), le 14 juin chez Christie’s, soit un record pour un objet Kota. C’est la première fois qu’un reliquaire Kota passe la barre du million d’euros aux enchères. Un tel prix reste rare dans le domaine des arts premiers. À cela, deux explications. D’une part, la rareté des pièces exceptionnelles sur le marché pousse les amateurs à ne pas laisser passer les opportunités d’achat. D’autre part, l’intérêt croissant des collectionneurs d’art moderne et contemporain pour les pièces africaines aux formes épurées favorise la flambée des prix. Leurs moyens sont beaucoup plus importants que ceux des acheteurs traditionnels d’arts primitifs. Selon l’expert Pierre Amrouche, « il existe de rares modèles de figures de reliquaires Kota qui, si on les présentait aujourd’hui en vente, pourraient atteindre 2 millions d’euros ». Lesquels ? « De grandes pièces encore plus abstraites que celle-ci. C’est dans l’air du temps », répond le spécialiste.

On recense des milliers d’objets Kota, dans une fourchette de prix allant de quelques milliers d’euros jusqu’à ce record. Ce Kota possédait toutes les qualités requises pour décrocher la timbale, c’est-à-dire la beauté, la rareté et l’historicité. À l’origine, elle est remarquée par Charles Ratton, célèbre marchand d’art moderne et découvreur de l’« art nègre ». « C’est un nom mythique qui est le substitut d’une signature pour cette œuvre. Co-organisateur de l’exposition “African Negro Art” à New York en 1935, cet homme a eu un goût exceptionnel à une époque où les objets africains étaient beaucoup moins rares », rappelle Pierre Amrouche. Ce reliquaire a ensuite fait partie de la collection française Hubert Goldet dont la vente, en 2001 à Paris, a fait date. Ce fut, à l’époque, un record pour une vente d’art primitif. Cette pièce Kota s’était vendue pour un montant représentant près d’un tiers de son adjudication actuelle (ce qui était alors une somme colossale) par Dennis Hotz, son dernier propriétaire. Ce marchand anglo-sud-africain de tableaux modernes cherchait des résonances entre l’art primitif et l’art moderne.  

Apparitions soignées
Plusieurs fois publié, ce Kota apparaît aussi dans le film Les Statues meurent aussi (1953), réalisé par Alain Resnais et Chris Marker, et a figuré dans plusieurs expositions dont « La voie des Ancêtres » (1986-1987), à Paris au Musée Dapper. Rentrant dans une typologie extrêmement précise, cette figure de reliquaire s’affirme comme « la plus grande connue de son style rare, indique Pierre Amrouche. Elle présente de hautes qualités esthétiques et des proportions harmonieuses. Sa projection frontale lui donne beaucoup de force. Pure de ligne, elle n’affiche aucun détail inutile, se passant par exemple de bouche. Signe d’usage et d’ancienneté, l’âme en bois revêt une patine brillante et les feuilles de métal montrent par endroits de belles usures par frottement ». 

Figure de reliquaire Kota Ndassa

Région : sud-est du Gabon

Ancienneté : XIXe siècle

Technique : bois, cuivre et laiton

Hauteur : 56 cm

Provenance : Charles Ratton (Paris), Hubert Goldet (Paris) et Dennis Hotz (Londres)

Expert : Pierre Amrouche

Estimation : 600 000 euros à 1 million d’euros

Adjudication : 1,2 million d’euros

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°351 du 8 juillet 2011, avec le titre suivant : Focus : Art africain - Figure de reliquaire Kota

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