Biller d'humeur

Éric Buffetaud, Commissaire-priseur - Une réforme tarabiscotée

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 23 novembre 2001 - 362 mots

Il y a longtemps que nos chers amis anglo-saxons, non contents de s’approvisionner dans notre pays, n’ont qu’un seul désir : vendre en France.

Et, pour cela, rien de tel qu’un petit caprice à Bruxelles. L’infâme monopole qui régissait nos ventes publiques est enfin aboli ! Désormais, en plus de la liberté, l’égalité règne : d’un côté, des sociétés commerciales étrangères monstrueuses, de l’autre, une poignée d’hommes désignés à la vindicte populaire comme exerçant des « professions libérales » et qui, depuis des années, bien qu’écrasés par des réglementations et des charges fiscales surréalistes et, malgré des campagnes de presse savamment orchestrées, ont résisté à une concurrence étrangère beaucoup plus libre et tellement moins taxée.
Après cinq ans « d’âpres négociations », nos chers fonctionnaires, députés et sénateurs, ont enfin accouché d’un texte compliqué à souhait, mais « admirable » puisque difficilement applicable. Oui, après une spoliation parfaitement arbitraire, on nous a concocté une petite réforme sur mesure, une loi franco-française à relents américano-britanniques bien de chez nous.

Et bien, depuis trente ans que j’exerce cette profession, on n’est pas encore totalement parvenu à me dégoûter de ce métier qui, je le confesse ici modestement, me procure encore quelques grandes joies. Messieurs des maisons concurrentes, soyez attentifs ! Je crois savoir que ces Gaulois qui vous font sourire et que vous croyez désemparés et déstabilisés par une réforme qui est loin de leur être profitable, vont s’unir sous la houlette de l’un d’entre eux, Pierre Bergé, pour batailler ferme et rebondir ! Drouot n’est pas du tout le moribond que certains journalistes français s’acharnent à dépeindre depuis des années mais, tout au contraire, une maison de vente dynamique, la troisième au monde. Mes chers confrères parisiens, veillez à ne pas laisser passer l’opportunité qui vous est offerte de vous regrouper et de réaliser enfin le rêve de la plupart d’entre nous : un Drouot uni et plus puissant encore. Français sachez être libres et, pourquoi pas, un peu chauvins et aidez-nous à gagner cette bataille qui est aussi la vôtre. Lorsque vous avez un objet à vendre, pensez Drouot ! Vous verrez, vous n’y serez pas aussi maltraités que tout ce que l’on a bien voulu vous raconter.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°137 du 23 novembre 2001, avec le titre suivant : Éric Buffetaud, Commissaire-priseur - Une réforme tarabiscotée

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