Enchères sur Internet : des clics et des claques

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 28 juin 2002 - 567 mots

La société eAuctionRoom, spécialisée dans la retransmission de ventes
aux enchères en direct sur Internet, a été placée en liquidation judiciaire le 6 juin. Cette disparition pose à nouveau la question de la viabilité des sites de ventes en ligne, au moment où Sotheby’s relance les siennes avec eBay.com, le leader mondial de la vente aux enchères sur Internet.

PARIS - Après le groupe N@rt, c’est au tour du site eAuctionRoom, un autre pionnier de l’ancienne nouvelle économie, de fermer boutique. Créée en 1999 par Frédéric Thut et Dan Froissard, eAuctionRoom avait levé plus de 11 millions d’euros de fonds d’investissement en 2000. À l’origine, la société Internet retransmettait en direct par vidéo des ventes publiques d’art avec la possibilité pour l’internaute d’enchérir en ligne et percevait auprès des clients commissaires-priseurs des commissions sur ces ventes. Mais, courant 2001, dans un souci de rentabilité, elle avait dû diversifier son activité vers des vacations de matériel industriel et d’automobiles devenues l’essentiel de son chiffre d’affaires – le marché de l’art restant la vitrine attractive du site. Le 6 juin, l’aventure s’est terminée.

Mais est-ce pour autant l’échec du mariage entre le Web et le marché de l’art ? Ce n’est pas ce que pense Olivier de la Meslière, administrateur de iencheres.com, un site au capital de 300 000 euros, né il y a deux ans, toujours actif dans le domaine des ventes d’art, mais aussi, plus récemment, dans les secteurs des automobiles, des produits industriels et du vin, en partenariat avec 25 commissaires-priseurs français. “Notre modèle économique tient la route. Notre formule diffère de celui d’eAuctionRoom. Nous avons bâti un hôtel des ventes virtuel dans lequel nous louons des salles virtuelles. Les ventes sont mixtes, c’est-à-dire qu’elles démarrent en ligne pour une durée de deux à trois semaines et se terminent à la fois dans une salle des ventes traditionnelle et sur le site. Et grâce à un logiciel qui gère les enchères (un plafond est fixé par l’internaute), nous libérons l’enchérisseur de la contrainte de rester devant son ordinateur.” Le site iencheres.com, qui voit sereinement son avenir, entend concrétiser d’ici la fin de l’été de nouveaux projets de développement. De son côté, Sotheby’s relance sa formule d’enchères d’art en ligne avec le numéro 1 international des enchères online, eBay.com. Le principe est toujours le même : des tableaux, meubles et objets d’art et surtout un volume important de lots de collectibles, tels les souvenirs sportifs, sont offerts via Internet au plus offrant sur une période de plusieurs jours. La marchandise proposée est garantie par les vendeurs, soit un réseau de marchands à travers le monde. Sotheby’s qui avait déjà monté un semblable partenariat avec le site Amazon.com en 2000, puis avait continué son activité online sous sa propre adresse Internet, sothebys.com, vise cette fois les 46 millions d’internautes enregistrés sur eBay.com, et en particulier le marché américain. Mais pour la première fois, l’auctioneer a également choisi, à l’instar d’eAuctionRoom, de retransmettre des vacations en direct de New York et de Londres grâce à l’apport technologique d’eBay permettant d’enchérir sur le site en temps réel avec la salle.

La première vente retransmise démarrera le 30 juillet à 18 heures (heure de New York) avec un lot de grande valeur : l’unique pièce en or de 20 dollars, un double Eagle de 1933 estimé 4 à 6 millions de dollars. Mais l’Internet l’emportera-t-il sur la salle ? À suivre...

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°152 du 28 juin 2002, avec le titre suivant : Enchères sur Internet : des clics et des claques

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