Art moderne

Enchères millionnaires attendues à New York

Par Marie Flambard · Le Journal des Arts

Le 30 octobre 2012 - 764 mots

Un record se profile pour Kandinsky, avec aussi de belles estimations pour Picasso, Giacometti et Miro.

New York - Picasso est l’éternel favori des grandes ventes d’art moderne de Christie’s et Sotheby’s. Si quelques œuvres du maître, estimées plusieurs millions de dollars, ont été ravalées au cours des saisons précédentes et s’il a cédé à des artistes chinois son titre d’artiste le plus côté en 2011, il demeure l’un des meilleurs générateurs d’enchères multimillionnaires du marché. Les catalogues des deux maisons de ventes présentent quarante-trois œuvres de l’artiste, dont dix-huit figurent dans les ventes du soir et cinq, estimées plus de 10 millions de dollars. Se détachant de cet ensemble, le lot phare, vendu par Sotheby’s, est une Nature morte aux Tulipes, estimée 35 à 50 millions de dollars, qui avait été adjugée, en 2000, 26 millions de dollars. Cette peinture est née dans le contexte de l’idylle que l’artiste vécu avec la jeune Marie-Thérèse Walter qui lui servit de modèle pour des sculptures en plâtre, réalisées dans sa maison de Boisgeloup, en 1931. L’année suivante, il insère dans plusieurs peintures le motif de ces sculptures réactivant ainsi le concept de paragone, qui établit un parallèle entre la sculpture et la peinture. Très recherchées, les toiles de cette période atteignent des sommets dont le record pour une peinture de Picasso, obtenu par Christie’s en mai 2010 avec la vente de Nude, Green Leaves and Bust, adjugé 95 millions de dollars. Incluant aussi le motif du buste en plâtre de Marie-Thérèse Walter de profil, cette œuvre présente également des similitudes de composition et de couleur avec Nature morte aux Tulipes. Un autre portrait de la jeune femme, intitulé Femme à la fenêtre, plus tardif et très coloré devrait attiser les enchères (est. 15-20 millions de dollars). Christie’s propose, pour sa part, quatre portraits d’autres muses et femmes de l’artiste : un Buste de femme représentant Dora Maar, estimé 8 à 12 millions de dollars, Olga Khokhlova ou Buste de femme estimé 3 à 5 millions de dollars, une Tête de femme de 1952 représentant Françoise Gilot (est. 4-6 millions de dollars) et sa seconde femme Jacqueline Roque, dans une peinture intitulée Femme au chien (est. 5-7 millions de dollars). Mais, l’œuvre vedette de Picasso chez Christie’s est un fier coq en bronze créé en 1932 et fondu dans les années 1950 par Valsuani, en quatre exemplaires seulement, dont deux se trouvent dans des musées. Estimé 10 à 15 millions de dollars, le modèle n’est encore jamais apparu sur le marché.

Un Kandinsky de qualité muséale
Également très rare sur le marché est cette peinture abstraite de Kandinsky vers laquelle tous les regards vont se tourner. Studie für improvisation 8 est estimée 20 à 30 millions de dollars et devrait être à l’origine d’une enchère record pour l’artiste russe dont l’œuvre la plus chère sur le marché avait été adjugée en 1990 pour 19 millions de dollars. Cette œuvre, qui trouverait naturellement place sur les cimaises d’un grand musée, était d’ailleurs exposée depuis les années 1960 au Kunstmuseum Winterthur en Suisse grâce au prêt accordé par la Volkart Foundation, propriétaire de l’œuvre, qui a l’intention de mettre le produit de la vente au profit de ses actions caritatives. Brooke Lampley, directrice du département d’Art moderne et Impressionniste chez Christie’s, constate de « vifs intérêts pour cette œuvre qui émanent autant d’institutions publiques et musées que de collectionneurs et marchands privés. ». Excepté cette œuvre exceptionnelle de Kandinsky, les ventes de prestige reposent une fois de plus sur quelques artistes qui, à l’instar de Picasso, sont des piliers du marché tels Miro ou Giacometti. « Ceci est dû au fait qu’ils ont été des artistes prolifiques et qu’ils sont parmi les plus désirables de cette période. Les chefs-d’œuvre de ces artistes attirent dans les ventes un très large éventail d’enchérisseurs du monde entier », commente Brooke Lampley. Pour la partie impressionniste, la vedette est tenue par une peinture de Nymphéas de Monet estimée 30 à 50 millions d’euros. Si le motif givernois fait recette, puisque les trois prix les plus hauts pour des œuvres du chef de file de l’impressionnisme correspondent à des peintures de nymphéas, deux importantes toiles de la série ont cependant été ravalées ces dernières années.

Art impressionniste et moderne, Christie’s

Vente du soir, 7 novembre

Estimation : 216 à 320 millions de dollars
Nombre de lots : 71

Ventes d’œuvres sur papier, 8 novembre

Estimation : 11 à 16 millions de dollars
Nombre de lots : 116

Vente de jour, 8 novembre

Estimation : 24 à 35 millions de dollars
Nombre de lots : 194

Art impressionniste et moderne, Sotheby’s

Vente du soir, 5 novembre

Estimation : 170 millions de dollars
Nombre de lots : 68
Vente de jour, 6 novembre
Estimation : 40 millions de dollars
Nombre de lots : 278

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°378 du 2 novembre 2012, avec le titre suivant : Enchères millionnaires attendues à New York

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