Embellie en Asie

Le dynamisme de la diaspora chinoise

Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1997 - 446 mots

Les ventes de fin d’année organisées à Honk-kong par Sotheby’s et Christie’s ont été meilleures encore qu’en 1995, malgré les incertitudes qui planent sur l’avenir de la capitale du marché de l’art chinois.

HONG KONG - En novembre, Christie’s a réalisé son meilleur chiffre d’affaires depuis son arrivée à Hong-kong voici dix ans, avec 300 millions de dollars HK (204 millions de francs) contre 186,5 millions de dollars HK (126,8 millions de francs) l’an passé. Sotheby’s, elle, a totalisé 182,3 millions dollars HK (123,9 millions de francs), ce qui équivaut quand même à une progression de 40 % par rapport à 1995. Il est tentant d’attribuer cette vitalité à l’éveil du géant endormi qu’est la Chine. Cependant, pour Colin Sheaf, de chez Christie’s, aucun fait ne prouve que les collectionneurs du continent aient joué un rôle capital dans les ventes aux enchères l’année dernière : "Toute l’expansion du marché, en Asie du Sud-Est, est due à des Chinois expatriés qui investissent des sommes colossales dans l’art chinois et dans les bijoux, chinois et occidentaux. Les Chinois ont toujours été fascinés par leur passé, et ils ont maintenant suffisament d’argent pour récupérer l’héritage culturel de leur pays".

Chez Sotheby’s, Julian Thompson confirme que la Chine a assez peu compté dans les enchères. Il est néanmoins convaincu que son poids augmentera considérablement à l’avenir. Sur le territoire chinois lui-même, les collectionneurs et les marchands constituent l’essentiel de la clientèle des ventes qui y sont organisées depuis peu. Les deux principales maisons chinoises proposent des vacations de grande qualité, avec beaucoup d’objets consignés depuis l’étranger, et l’art permet de convertir la monnaie chinoise de faible valeur en devises internationales.

La Chine restant politiquement instable, il est très difficile de prédire l’évolution du marché extrême-oriental. Si le pays se convertit à l’économie de marché, il offrira à la fois une grande réserve d’objets de qualité et un pouvoir d’achat incomparable. En revanche, Sotheby’s et Christie’s n’auront pas l’autorisation d’y organiser des ventes. Une fois que la Chine aura repris le contrôle de l’ancienne colonie britannique, elle pourrait modifier ses lois à l’exportation, ce qui stopperait l’afflux d’objets chinois à Hong-kong. Il est certain en tout cas que le marché continuera de prospérer dans les pays du Pacifique. Christie’s et Sotheby’s ont ouvert des bureaux à Jakarta. Sotheby’s en possède en Thaïlande et envisage d’en ouvrir aux Philippines. De plus en plus d’objets de grande qualité sont absorbés par le marché asiatique. Selon Julian Thompson, "nous allons vraisemblablement vers une bipolarisation du marché : les objets de fouille d’avant la dynastie Song seront vendus à Londres et à Hong-kong, tandis que les objets postérieurs le seront en Chine et à Hong-kong."

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°32 du 1 janvier 1997, avec le titre suivant : Embellie en Asie

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