Mode - Ventes aux enchères

Mode

Des ventes à la mode

Les ventes consacrées à la mode, où se distinguent Christie’s et Artcurial, explosent

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 12 février 2014 - 535 mots

PARIS - Fin janvier, Elsa Schiaparelli et Paco Rabanne étaient à l’honneur en vente publique à Paris.

La créatrice phare des années 1930 était sous le feu des projecteurs chez Christie’s et les résultats, totalisant 1,6 million d’euros (1), ont quasiment doublé les estimations. Certes, seule une partie de la vente était consacrée à la mode, mais certaines pièces ont atteint de très beaux prix, notamment un chemisier violet cédé 31 000 euros. Paco Rabanne et ses vêtements en matériaux industriels étaient quant à eux présentés chez Artcurial dans une vente d’envergure beaucoup plus modeste, qui a totalisé 57 000 euros. Mais, explique Élisabeth Telliez, spécialiste du département, « le chiffre d’affaires n’est pas la question, il s’agit de la seconde partie d’une collection. Ici, nous racontons une histoire ».

L’histoire qui est racontée est aussi celle de l’explosion du secteur de la mode dans les ventes aux enchères publiques ces dernières années. Si la création du département qui lui est dédié chez Christie’s Londres n’est pas nouvelle, Artcurial a inauguré le sien il y a quatre ans. Et c’est à Drouot que le phénomène est particulièrement tangible. En 2002, treize ventes mode y étaient accueillies, un chiffre qui a plus que triplé en 2012 (44 vacations organisées). On recense de très beaux prix en 2013 : ainsi d’une robe Dior vendue 84 600 euros par Artcurial ou d’une autre signée Yves Saint Laurent acquise 118 700 euros chez Gros & Delettrez.

Les ventes sur Internet, qu’il s’agisse d’eBay ou de sites spécialisés, viennent appuyer cet engouement. Pénélope Blanckaert, experte et auteure de Trésors du vintage, la mode aux enchères 1900-2000 (2), confirme : « Les prix peuvent être équivalents à ceux d’œuvres d’art, le secteur est en croissance forte depuis quelques années. » Mais, explique Élisabeth Telliez : « Il y a parfois trois ventes le même jour à Drouot, les acheteurs sont étouffés par tant de sollicitations et le marché arrive à saturation. Dans les ventes, on voit tout et n’importe quoi. »

Succès des accessoires
Du côté des tendances de ce marché, concentré sur Paris, Londres et les États-Unis, la haute couture se distingue par ses records, mais plusieurs autres phénomènes sont à noter : l’explosion des accessoires et particulièrement de la bagagerie ; une remontée de la fourrure ; et les prémices d’un marché de pièces masculines. Au sein de ce marché officie Artcurial, qui organise 8 vacations par an aux thématiques liées aux grandes collections ou dédiées aux accessoires, pour un chiffre d’affaires annuel d’1,5 million d’euros en 2013. Christie’s et son département situé à Londres ont réalisé près de 2,5 millions d’euros en 2013 pour cette spécialité, se concentrant sur des ventes ultra-qualitatives de haute couture, sacs de luxe ou collections.

Comment évoluera le secteur dans l’avenir ? « Pour le vintage “portable”, les sites Internet vont prendre du poids et Drouot online va être de plus en plus utilisé. Les ventes aux enchères concerneront majoritairement les ventes autour d’un créateur et la haute couture ; elles doivent retrouver le sens du patrimoine de la mode, pas être un dépôt-vente géant », conclut Pénélope Blanckaert.

Notes

(1) Les prix indiqués incluent les frais.

(2) Éditions La Martinière, octobre 2013.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°407 du 14 février 2014, avec le titre suivant : Des ventes à la mode

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