Ventes aux enchères

Des ventes de Design de plus en plus pointues

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 28 novembre 2018 - 565 mots

Pour leurs dernières ventes de design de l’année, Christie’s, Sotheby’s et Artcurial ont tiré leur épingle du jeu, notamment pour les pièces haut de gamme, soulignant la demande du marché pour la qualité.

Paris. L’an passé, la dispersion de la collection Jacques Grange chez Sotheby’s avait remporté un franc succès (28,40 M€). Pas de collection d’une telle ampleur cette année, mais des vacations bien construites avec des taux de ventes satisfaisants (80 % en moyenne), bien qu’aucune enchère n’ait dépassé la barre du million d’euros. Ensemble Christie’s, Sotheby’s et Artcurial ont totalisé 15 millions d’euros, soit une hausse de 30 % en un an, hors vente Jacques Grange. La tendance se confirme : « La concentration s’accélère d’année en année sur une sélectivité, des exigences plus accrues. Les pièces phares obtiennent des prix de plus en plus soutenus, tandis qu’on observe un élargissement du marché du fait de l’arrivée des particuliers, de plus en plus demandeurs », analyse l’expert Emmanuel Eyraud. D’ailleurs, excepté chez Christie’s, ces artistes supportent le produit des ventes. Parallèlement à ce constat, on observe clairement que les acheteurs délaissent l’Art nouveau, qui s’intègre mal dans un intérieur actuel, ainsi que l’Art déco – excepté pour les œuvres de qualité – au profit d’œuvres d’après-guerre, comme celles des Lalanne ou Giacometti.

Engouement pour des pièces de Jean Dunand et les Lalanne

Malgré tout, Christie’s a eu un grand succès avec le créateur Art déco Jean Dunand (1877-1942). Les 24 lots qui étaient proposés ont rapporté 2,4 millions d’euros, grâce à plusieurs pièces qui ont largement dépassé leurs estimations de départ, à l’instar du Vase à ailettes, vers 1928, en dinanderie adjugé 415 500 euros (est. 150 000 à 200 000 €) ou un écran de cheminée Femme et mouton, 1926, emporté à 367 500 euros. Christies est cependant restée dans la fourchette de son estimation (3,7 et 5,40 M€) avec un résultat de 5,4 millions d’euros à cause d’un de ses lots phares ravalé, un Léopard au repos de Bugatti, proposé trop cher (est.400 000 à 600 000 €). Le clou de la vente, un fauteuil Crocodile, réalisé en 2016 sur un modèle de 2014 par Claude Lalanne n’a pas laissé les collectionneurs indifférents, puisqu’il a été cédé 667 500 euros (est. 300 000 à 500 000 €). Le couple Lalanne continue de susciter l’engouement, d’ailleurs, chez Sotheby’s, Hippopotame III en bronze patiné et doré, de François-Xavier Lalanne, un exemplaire réalisé en 2000 s’est vendu 369 000 euros (est. 200 000 à 300 000), deuxième plus haut prix de la vacation, tandis que chez Artcurial, c’est une lampe Grand échassier, vers 1990 qui a dominé la vente, avec 182 000 euros, laissant loin derrière elle son estimation haute fixée à 50 000 euros – un prix étonnant quand on sait que ce modèle a été édité à 900 exemplaires. En tout, la maison de ventes du Rond-Point des Champs-Élysées a atteint 2,2 millions d’euros, dépassant dans la foulée son estimation (1,70 M€) et son résultat de l’an passé (1,10 M€), même si elle n’a pas vendu une maison démontable de Prouvé (est. 300 000 à 400 000 €). Chez Sotheby’s, dont le produit de vente de 7,3 millions d’euros a dépassé l’estimation haute, il n’y a pas eu d’invendus majeurs ; et, contrairement à Christie’s, c’est une Panthère marchant de Bugatti [voir illustration], qui a remporté l’enchère la plus haute avec 369 000 euros.

 

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°512 du 30 novembre 2018, avec le titre suivant : Des ventes de Design de plus en plus pointues

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