Ventes aux enchères

ART IMPRESSIONNISTE, MODERNE ET SURRÉALISTE

Des estimations trop élevées ont plombé les ventes de Londres

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 13 mars 2019 - 548 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

Si le marché se maintient, les ventes d’art impressionniste moderne et surréaliste ont déçu chez Christie’s. Les prétentions des vendeurs ont été démesurées.

Londres. La première session de ventes de l’année de Sotheby’s et Christie’s a enregistré une légère baisse (– 11 % par rapport à l’an dernier) avec un total de 253 millions de livres sterling frais compris (294 M€), un chiffre en dessous de son estimation basse (252,9 M£). Ces résultats auraient pu être bien meilleurs si certains vendeurs avaient suivi les conseils des spécialistes de Christie’s.

En effet, si la maison de ventes de François Pinault a engrangé 165,6 millions de livres – son deuxième plus haut total dans la spécialité à Londres –, elle n’a pas atteint son estimation basse fixée à 185,2 millions de livres. L’échec de sa vente « Trésors cachés », qui rassemblait une partie de la collection des frères Wallace, en est la cause première. Sur les 21 lots offerts, 9 sont restés sur le carreau dont le Saule pleureur et bassin aux nymphéas (1916-1919) de Monet, à l’estimation très élevée (40 M£), et une paysanne de Van Gogh (estimation 8 à 12 M£). « Les vendeurs ont été trop gourmands. Ils n’ont pas écouté la voix du bon sens », explique le marchand parisien Christian Ogier. Provenant également de cette collection, le lot le plus cher de la soirée, Nature morte de pêches et de poires (1885-1887), de Cézanne, a été adjugé 18,5 millions de livres au marteau (21,2 M£ frais compris, 24,6 M€), soit en dessous de son estimation basse. En revanche, les œuvres issues de la collection de David Graham ont reçu un bon accueil, avec deux records mondiaux à la clé : l’un pour Signac avec Le Port au soleil couchant, opus 236 (Saint-Tropez), 1892, adjugé 19,5 millions de livres (22,6 M€) ; l’autre pour Gustave Caillebotte avec Chemin montant (1881), emporté à 18,3 millions (21,2 M€).

Sotheby’s a récolté de son côté 87,7 millions de livres (101,8 M€), un total dans la fourchette de son estimation. Certes, elle accuse une baisse de plus de 35 % en un an, mais, avec 82 % des lots vendus, dont tous ses lots phares, « elle a fait du bon travail alors qu’elle avait peu de choses en main », convient Christian Ogier.

Plus haut prix de la semaine, Le Palais ducal (1908, [voir ill.]), de Monet a été adjugé 27,5 millions de livres (31,9 M€), dans la fourchette de son estimation. Il s’agit d’un nouveau record pour une œuvre vénitienne de l’artiste, détrônant Le Grand Canal, parti à 23,6 millions de livres il y a quatre ans. Inédite sur le marché, l’œuvre était conservée dans la même famille depuis son acquisition en 1926 par l’industriel allemand Erich Goeritz.

L’autre lot star de la vente, Bateau de pêche à Trieste, d’Egon Schiele, a été emportée à 10,6 millions de livres (12,3 M€), au-dessus de son estimation haute (8 M£). Là encore, l’œuvre n’était jamais apparue en vente publique, confirmant le fort attrait des collectionneurs pour les pièces « fraîches » sur le marché. Quant au volet surréaliste, il a été dominé par une œuvre de René Magritte, L’Étoile du matin (1938), acquise par un collectionneur privé américain pour 5,3 millions de livres (6,1 M€).

Toutes les estimations sont indiquées hors frais acheteur tandis que les résultats sont indiqués frais compris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°519 du 15 mars 2019, avec le titre suivant : Des estimations trop élevées ont plombé les ventes de Londres

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