Démissions chez Sotheby’s et Christie’s

Anthony Grant rejoint Pace-Wildenstein et James Roundell s’associe à Simon Dickinson

Par Roger Bevan · Le Journal des Arts

Le 1 juillet 1995 - 596 mots

Anthony Grant, ancien directeur du département art contemporain chez Sotheby’s à New York, a quitté la maison de vente pour la direction de la galerie Pace-Wildenstein. James Roundell, ancien directeur du département des peintures impressionnistes et modernes chez Christie’s à Londres, s’associe avec le marchand Simon Dickinson.

NEW YORK - En quittant une maison de vente pour une galerie, Anthony Grant, trente-sept ans, suit un chemin emprunté par bien des spécialistes de peinture ancienne et contemporaine. Au cours de son récent développement, Pace-Wildenstein a embauché Susan Dunn, ancienne directrice pour l’art contemporain chez Christie’s, Marc Selwyn, représentant de Sotheby’s sur la côte Ouest, ainsi que David Grob, chargé des affaires londoniennes.

Pace-Wildenstein verserait à Anthony Grant, assure-t-on, un salaire annuel de 475 000 dollars (2,4 millions de francs), soit 200 000 dollars de plus (1 million de francs) que ce qu’il aurait touché chez Sotheby’s à un niveau équivalent de responsabilité. Son départ devrait accélérer la promotion interne de Leslie Prouty ou de Robert Monk, tous deux jugés compétents à ce poste. Tobias Meyer, le meilleur spécialiste d’art contemporain de la firme à Londres, aurait été pressenti par la présidente D. D. Brooks, mais il aurait refusé de s’installer à New York.

Employé par Sotheby’s depuis 1978, Anthony Grant change de métier au moment même où les galeries prennent une part croissante du marché de l’art. De plus en plus d’affaires se traitent en privé, et il apporte à Pace-Wildenstein une extraordinaire connaissance des collections privées américaines, renforçant la position de la galerie par rapport aux maisons de vente si celle-ci devait décider d’étendre son activité sur le marché secondaire. Anthony Grant imposera certainement sa marque en proposant des œuvres de Baselitz, Chamberlain, Ryman, Schnabel, Serra, Tàpies et des quinze autres artistes que la galerie représente, ainsi que des œuvres provenant des successions Calder, Cornell, Rothko et divers artistes, aux collectionneurs qu’il avait su "fidéliser" lorsqu’il était chez Sotheby’s.

James Roundell s’associe avec Simon Dickinson
Ancien directeur du département des peintures impressionnistes et modernes chez Christie’s à Londres, James Roundell vient de s’associer avec Simon Dickinson. Lui-même transfuge de la maison de vente, Simon Dickinson a ouvert en 1993 son propre établissement, spécialisé dans les maîtres anciens, avec le marchand de Belgravia, David Ker. Un troisième ex-directeur de Christie’s, Ian Kennedy, est l’associé de Simon Dickinson à New York.

La démission de James Roundell a surpris le marché de l’art qui voyait en cet expert, travaillant depuis vingt ans chez Christie’s, un homme du sérail promis aux plus hautes marches de la direction. À la tête du prestigieux département des impressionnistes depuis 1986, où Jussi Pylkkänen le remplace aujourd’hui, James Roundell y aura laissé son empreinte, notamment en mettant Christie’s à égalité avec Sotheby’s dans un domaine jusque-là chasse-gardée de cette dernière.

Il était de notoriété publique que James Roundell supportait mal la toute-puissance du directeur général, Christopher Davidge, et les sommes croissantes affectées au marketing de Christie’s, aux dépens de la compétence traditionnelle de la maison. Ce recentrage des activités aurait entraîné la démission d’un nombre important d’experts de Christie’s ces trois dernières années. La dernière défection est celle de Nancy White, ancien responsable des peintures modernes et impressionnistes à New York, qui négocie également son entrée chez Simon Dickinson. Elle est remplacée par Franck Giraud.

James Roundell a rejoint Simon Dickinson en qualité d’associé, chaque marchand conservant son nom propre et sa comptabilité. Les associés mettent actuellement en commun leurs divers services, et James Roundell a accès aux capitaux fournis par le commanditaire de Simon Dickinson, identifié depuis peu comme le prince Nawaf d’Arabie Saoudite.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°16 du 1 juillet 1995, avec le titre suivant : Démissions chez Sotheby’s et Christie’s

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