Design

Combat d’ours polaires

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 6 décembre 2016 - 524 mots

Signés Jean Royère, deux canapés « Ours polaire » identiques étaient en vedette chez Artcurial et Sotheby’s. L’effet « collection » a dopé le prix de l’un d’eux.

PARIS - Avec ses formes douces et organiques, son audace dans le choix des couleurs et matériaux, sa liberté d’autodidacte, Jean Royère a inventé un langage singulier. Fauteuil éléphanteau ou œuf, appliques hirondelles, table basse flaque…, depuis plus de dix ans, ces créations un brin fantaisistes aux noms empreints de poésie sont très prisés des collectionneurs. Parmi ces modèles fleurant bon les années 1950, les plus recherchés sont les fauteuils ou canapés modèle boule dits « ours polaires ». Nombreuses sont les grandes ventes d’arts décoratifs et design qui voient passer sous le marteau ses formes dodues recouvertes de velours de mohair.

La saison d’automne, organisée en novembre, n’a pas dérogé à la règle. Cette fois-ci deux modèles identiques, de couleur rouge, étaient proposés au même moment. L’un faisait partie de la vente Artcurial « Collecting on the Wild Side », une collection américaine qui réunissait des grands noms du design français, notamment des années 1950. Le modèle avait été acquis par le vendeur auprès de la galerie Jacques Lacoste. L’autre, acheté à la galerie Downtown, était présenté par Sotheby’s au sein de sa vacation généraliste. Les deux étaient pourvus d’une estimation généreuse, entre 300 000 et 500 000 euros. L’exemplaire de Sotheby’s, passé en vente le premier, a atteint 391 500 euros. Artcurial lui a damé le pion en cédant le sien 610 600 euros, s’approchant du record détenu par Phillips pour un modèle de couleur crème, vendu en juin dernier pour quelque 662 000 euros. Pourquoi un tel écart ? « La magie de la collection !, réplique Emmanuel Berard, responsable du département design d’Artcurial. Ce collectionneur qui fréquente assidûment les galeries était connu de tous. L’exposition était très belle, de même que le catalogue et ses photos en lumière naturelle. Aussi, notre prix de réserve était plus bas. La pièce avait par ailleurs été exposée en parallèle de la Biennale des antiquaires. Sur les quatre enchérisseurs, deux étaient venus à cette preview. »

Les Frères Giacometti
Lorsqu’il s’est agi de la mythique bibliothèque Maison du Mexique de Charlotte Perriand, elle aussi présente dans deux ventes, c’est cette fois celle de Sotheby’s qui a été cédée bien au-delà de celle d’Artcurial (283 500 € pour la première, 176 600 € pour la seconde).
En parallèle de ces feux d’enchères nourris pour Jean Royère, les frères Giacometti ont été les vedettes parmi les pièces d’après guerre. Chez Christie’s, une paire de fauteuils aux pommeaux de canne, créés en 1975 par Diego, a multiplié par trois son estimation basse, atteignant 422 500 euros. De son frère Alberto, ce sont les luminaires des années 1930 qui ont fait florès : une Lampe grecque (314 500 €) et un lampadaire Feuille (122 500 €). Du premier était aussi cédé chez Sotheby’s une bibliothèque Au Mexique de 1966 (391 500 €) et du second une lampe aux deux mains (403 500 €). L’indétrônable couple Lalanne a également accaparé le top 10 des maisons. Parmi les plus hauts prix, une table basse Gingko de 2011 cédée 266 500 euros chez Christie’s et la sculpture Caroline enceinte acquise 307 500 euros chez Sotheby’s. Les deux étaient signées de Claude.

Note

Estimations indiquées hors frais acheteur, résultats indiqués frais compris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°469 du 9 décembre 2016, avec le titre suivant : Combat d’ours polaires

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