Collection éclectique et fidèles amis

Chez Sotheby’s Londres, la vente David Sylvester a pulvérisé ses estimations

Le Journal des Arts

Le 5 avril 2002 - 583 mots

La salle des ventes de Sotheby’s à Londres était comble le 26 février, à l’occasion de l’adjudication de la collection privée de David Sylvester, qui a attiré non seulement ses amis, mais aussi les marchands et les grandes personnalités du monde de l’art. La vente a été un succès, totalisant un produit de 4,4 millions d’euros.

LONDRES (de notre correspondante) - Aussi surprenant que cela puisse paraître, le grand critique d’art qu’était David Sylvester n’a jamais collectionné les Bacon, Moore et autres Giacometti, sur lesquels il a écrit avec tant de conviction. Il a plutôt réuni un ensemble éclectique, d’un goût sûr, de pièces d’antiquités, d’art tribal et de textile.

Le ton de la vacation a été donné dès la vente du premier lot, une palette à fards égyptienne qui a explosé son estimation de 400-600 livres, pour partir à 1 320 livres. Un public très motivé a fait fuser les enchères pour chacun des lots, si bien que l’auctionneer Henry Wyndham peinait parfois à suivre la cadence. Lorsque le marteau est tombé, sous les applaudissements, pour le dernier lot (une chaise George III en assez mauvais état, estimation 300-500 livres, adjugée 3 600 livres), la maison de ventes avait totalisé un produit de plus de 2,7 millions de livres sterling (4,4 millions d’euros), pour une vente estimée un million de livres à peine.

Le prix record a été atteint par une statue égyptienne en grès de la XIe dynastie du roi Mentouhotep III, monolithe sans tête, sans pieds et sans mains, qui régnait, seul et fier, dans le jardin d’hiver de David Sylvester, sur un fond de bambous. La statue est partie au prix de 795 500 livres (estimation 200-300 000 livres), au profit d’un enchérisseur anonyme au téléphone. Un torse khmer du XIe siècle, en grès également, d’une divinité masculine, a largement dépassé son estimation de 6 000-8 000 livres et a trouvé acquéreur à 179 500 livres.

David Sylvester s’intéressait beaucoup aux textiles, même si les motifs et l’allure générale de la pièce étaient plus importants à ses yeux que l’état de conservation. Il possédait de très belles pièces, mais reprisées et en très mauvais état. Les prix records ont été établis par un fragment de tapisserie flamande du XVIe siècle, aux motifs “feuilles de choux”, qui s’est envolé à 58 000 livres (contre une estimation de 10-15 000 livres), ainsi que par le fragment d’un tapis à vases de Kirman, parti à 32 700 livres (estimation 8-12 000 livres). L’art tribal était une autre de ses passions et, parmi ses trouvailles, figurait un canoë du Kerala long de 4,5 m (28 000 livres), un arc des îles Andaman (11 400 livres) et un immense masque Yoruba qui trônait autrefois sur un manteau de cheminée en plâtre d’un blanc parfait. Cette pièce a trouvé acquéreur pour 69 500 livres (estimation 20-30 000 livres). Des dessins et des tableaux étaient également proposés à la vente ; une peinture noire sur toile noire de William Turnbull, offerte à David Sylvester par l’artiste en personne, a déclenché les rires lorsque son image a été projetée sur l’écran noir ; “Désolé pour la photo”, a plaisanté Henry Wyndham, lançant vivement les enchères à 3 000 livres (estimation 1 000-1 500 livres), pour finalement adjuger l’œuvre 21 200 livres. L’une des pièces préférées de David Sylvester, une eau-forte sans titre de Barnett Newman, consistant en une bande noire centrale, flanquée de deux bandes plus fines, est partie à 31 550 livres (estimation 15-20 000 livres).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°146 du 5 avril 2002, avec le titre suivant : Collection éclectique et fidèles amis

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque