Galerie

Colin Cyvoct, un regard sur le monde

Galerie Area – Paris-3eDu 10 juin au 13 juillet 2021

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 26 mai 2021 - 390 mots

PARIS

Hommage -  Son regard reste solidement ancré dans la mémoire de ceux qui l’ont un jour croisé.

Ses yeux bleu lagon qui vous fouillaient jusqu’au tréfonds de l’être. Ces mêmes yeux qu’il portait avec une acuité précieuse sur l’art, comme sur toute forme de création humaine. Des yeux bienveillants qui lui faisaient regarder – et partager – le monde et l’art autrement. Colin Cyvoct (1947-2019), critique d’art, collaborateur de L’Œil de 2005 à 2019 et ami, était aussi, et avant tout, un artiste. Peintre formé à l’École des beaux-arts de Paris, passé par l’Atelier populaire des beaux-arts en mai 68, il aimait la couleur autant qu’il aimait la vie. Durant trente-quatre ans à l’hôpital Charles-Foix (Ivry-sur-Seine), où il avait installé son atelier en 1978, Colin Cyvoct a accompagné par son regard et sa peinture les patients du service gériatrie, rendant à l’art sa fonction rédemptrice…

Peintre abstrait, chantre du geste et de la matière, il ne répugnait pourtant pas à peindre un corps, un visage, refusant de se laisser emprisonner. Il cherchait « avec patience, intelligence et sérénité, avec persévérance, comment mettre la vie sur la toile, en mélangeant les couleurs et les formes avec ses pinceaux, ses doigts et sa puissance créative », écrit la collectionneuse et galeriste Barbara Polla. Cette quête, Colin l’a poursuivie à Marseille, où il s’était installé ces dernières années avec son épouse Véronique. Lors de ses promenades en ville comme lors de ses baignades quotidiennes, l’artiste collectait du sable, des végétaux, des déchets, qu’il enfermait ensuite avec de la peinture entre deux feuilles transparentes pour donner un « tableau » où le geste, cette fois, lui échappait totalement. « C’était, pour lui, une manière de rendre sa liberté à la matière », explique Alin Avila, fondateur et de la revue et de la Galerie Area, et de retrouver dans la peinture cette fluidité de l’eau qu’il aimait tant. « C’est un très beau travail, très original, qui correspond à sa pensée : le hasard, la rue, les objets malheureux auxquels il rendait de la dignité. Il y a vraiment une œuvre », poursuit son ami de longue date, qui voit sans ses dernières peintures un « journal » et un « testament ». Un testament exposé, à partir du 10 juin, à la Galerie Area, avec quelques peintures et ardoises plus anciennes, et dans lequel Colin Cyvoct nous lègue une partie d’un monde : le sien.
 

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°744 du 1 juin 2021, avec le titre suivant : Colin Cyvoct, un regard sur le monde

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