Belgique - Foire & Salon

Bruneaf remonte doucement la pente

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 18 juin 2014 - 757 mots

Grâce à la mise en place d’un « vetting » et une meilleure coordination avec les deux autres foires, Bruneaf a regagné la confiance de ses exposants, mais peine à renouveler sa clientèle.

BRUXELLES - Bruneaf (Brussels Non European Art Fair) a traversé une tempête, mais le nouveau comité constitué en octobre dernier entend bien remettre la foire d’art tribal dans le droit chemin. Son nouveau président, Didier Claes, l’avait annoncé : ses objectifs visent la mise sur pied d’un comité d’experts (vetting), une synergie entre les trois foires (Bruneaf, AAB et BAAF) et à l’organisation d’une grande exposition. Mission accomplie.

En effet, depuis le mois de janvier, lors de Winter Bruneaf, un vetting examine les pièces avant leur présentation au public. La demande venait non seulement des visiteurs, mais aussi des exposants. « Certains participants font de vrais efforts et veulent que leur travail soit respecté », explique Patrick Mestdagh, vice-président de Bruneaf. Ils étaient nombreux à réclamer cette innovation à  l’ancien président, Pierre Loos, qui n’a pas réagi à temps et a été contraint de démissionner. Plusieurs acteurs du marché estimaient que Bruneaf ne rassemblait plus que des œuvres de moindre qualité, mais cette nouvelle procédure impose aux marchands d’être rigoureux. Deux jours ont été nécessaires au vetting pour tout examiner. Au final, une trentaine d’objets sur environ 3 000 a été retirée. « Si tout n’est pas parfait et certaines pièces peut-être plus tardives qu’elles ne sont annoncées, en tout cas, cela reste acceptable », commente Patrick Mestdagh, « les exposants et le public ont repris confiance », poursuit-il. Didier Claes tenait à organiser une exposition muséale, « pour montrer que les marchands ne sont pas là que pour vendre, mais aussi pour transmettre », souligne-t-il. Le Musée de Tervuren a donc été invité à exposer sa collection d’art océanien. Une présentation très soignée. On pouvait s’imaginer que les participants de la foire exposeraient plus d’art océanien qu’à l’accoutumée, mais le niveau élevé des pièces présentées a dû les inhiber.

Le troisième objectif du comité était de créer une réelle synergie avec AAB (Asian Art in Brussels) et BAAF (Brussels Ancient Art Fair). Pour Paola d’Alatri, du comité d’organisation de AAB, l’opération est réussie car si l’an passé, seule la campagne de publicité était commune, désormais la communication des trois foires est orchestrée par la même agence de presse. « Nous avons intérêt à travailler ensemble », renchérit Jacques Billen, marchand (galerie Harmakhis, Bruxelles), organisateur de la BAAF, qui trouve cependant que la fréquentation est en baisse cette année. Pour Didier Claes, « le comité a réussi son pari. Maintenant, la balle est dans le camp des marchands. Ils doivent exposer des pièces de qualité », lance Didier Claes.

Éveiller l’intérêt d’une nouvelle clientèle
Le point noir de la foire reste l’absence de renouvellement de la clientèle. « Contrairement au Parcours des mondes (Paris), cette foire a du mal à se renouveler. Ce sont les éternels collectionneurs belges, d’un certain âge, qui se déplacent. Or ils sont davantage intéressés par la vente que par l’achat », constate un acteur du marché. « Nos collectionneurs étaient là mais nous n’avons pas eu de nouveaux visiteurs », souligne Paolo d’Alatri. De plus, le vernissage n’a pas été à la fête en raison des pluies diluviennes qui se sont abattues mercredi, ainsi que de la tenue du G7 qui a eu pour conséquence de bloquer toute la capitale belge. « Cela ne s’est pas ressenti sur les ventes, mais l’ambiance était cassée », indique Alain Lecomte, qui s’est dessaisi dès le premier jour de sa maternité du Mayombe, puis d’une statuette baoulé et de divers masques. La plupart des marchands a donc vendu dès le lancement de la manifestation, plutôt de petites pièces, comme le fait remarquer Pablo Touchaleaume (Paris), dont c’est la première participation et qui aimerait bien vendre ses grosses pièces, telle une table d’offrande en marbre, du Ier millénaire av. J.-C. (autour de 30 000 euros). Il ne fallait pas manquer non plus l’exposition thématique organisée par Joaquin Pecci, « Présence du Sacré. Invocations oubanguiennes », qui s’est bien vendue ainsi que la présentation très cohérente de David Serra (Barcelone). Marc Félix (Congo Gallery) montrait une belle statue Luluwa ; Patrick & Ondine Mestdagh exposaient un bouclier Motu de Papouasie-Nouvelle-Guinée ainsi qu’une cuillère Paiwan (Taiwan) et Lucas Ratton proposait un fétiche Kongo au visage noir, atypique. La galerie Wei Asian Arts présentait la divinité Bhairava en bois, Népal, XVIIe siècle, tandis qu’Antoine Tarantino dévoilait une petite tête féminine grecque, du IVe siècle avant J.‑C.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°416 du 20 juin 2014, avec le titre suivant : Bruneaf remonte doucement la pente

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