Belles feuilles au Salon du dessin

Par Armelle Malvoisin · L'ŒIL

Le 1 mars 2005 - 1162 mots

Chaque année en mars, Paris se mue en capitale du dessin. Des milliers de feuilles de toutes époques approchant toutes les techniques et à tous les prix sont exposées au Salon du dessin, dans les musées, lors de ventes publiques et dans des galeries. Vous laisserez-vous séduire par quelques exquises esquisses ?

Du 16 au 21 mars, tout Paris ne parlera que de dessins ou presque. L’épicentre du phénomène est le Salon du dessin. Cette manifestation élitiste, initiée voilà quatorze ans par une dizaine de spécialistes pour quelques poignées d’amateurs éclairés et d’institutions internationales, a fait depuis des émules. La création de la Semaine du dessin voilà six ans, visant à pousser les musées à ouvrir au grand public leurs cabinets d’Art graphiques réputés secrets, n’a fait qu’amplifier l’événement. Des expositions et ventes aux enchères thématiques toujours plus nombreuses vont venues se greffer là-dessus, au point que certains parlent de « parasitage ». « Ce n’est que la preuve du succès du salon », se tranquillise Hervé Aaron, président de la Société du dessin organisateur du Salon du dessin qui sait pertinemment que « le haut du marché se limite à quelques grands ténors », trente exposants exactement. Le salon a franchi l’an passé une étape supplémentaire en terme de notoriété en s’installant au palais de la Bourse. Y sont concentrées les plus belles feuilles de la saison, dans une fourchette de prix de 10 000 à 100 000 euros. Les croquis anciens se font de plus en plus rares mais les esquisses des XIXe et XXe siècles fleurissent sur de nombreux stands, tel celui d’Anisabelle Bérès où seront confrontés une gouache abstraite de Herbin datée de 1917, un dessin nabi de Bonnard à la mine de plomb sur papier chinois montrant une grand-mère et un enfant, et un ensemble de lettres illustrées par Gauguin, Rouault, Braque et Laurens. Dernier admis au salon, le marchand parisien Thierry Normand a sélectionné une aquarelle de Puvis de Chavannes qui est une étude d’ensemble pour le tableau Doux Pays du musée Bonnat (Bayonne) ; une aquarelle du peintre impressionniste Pissarro venant de la famille de l’artiste et montrant la Place de la République à Rouen en 1882 ainsi qu’un paysage italien des environs de Naples par Corot, et une importante étude à l’aquarelle de Kupka pour une composition conservée à Beaubourg. Les plus rares feuilles s’envoleront au-delà de 100 000 euros, tels un dessin préparatoire de La Réformation de la Justice à
la pierre noire et lavis gris par Charles Le Brun vers 1679, soit une des rares études en mains privées pour Versailles, chez Hervé Aaron ; Persée et Andromède, une aquarelle signée Gustave Moreau vers 1882 dévoilée par le marchand bruxellois Patrick Derom et provenant de la fameuse collection Charles Hayem ; une Famille de pêcheurs, une gouache signée Filiger vers 1894 dénichée par Antoine Laurentin ; un portrait de jeune fille à la craie rouge et aux yeux bleus réalisé par l’artiste symboliste belge Khnopff vers 1898-1900 et un dessin préparatoire pour le tableau d’Anquetin Rond-point des Champs-Élysées conservé au musée du Prieuré (Saint-Germain-en-Laye) au menu de la galerie Brame et Lorenceau ou encore une Étude d’odalisque de 1926 par Matisse à découvrir chez
le new-yorkais Jill Newhouse.

Des dessins à 300 euros
Le marchand Éric Coatalem n’expose pas au Salon du dessin cette année mais sa galerie est incontournable pour les amateurs éclairés. Un Tigre couché dans un paysage d’Oudry ; un paysage animé d’Hubert Robert ; une Femme allongée croquée par Klimt en 1917 ; une Coupe de fruits à la mine de plomb de 1950 signée Alberto Giacometti ou encore une composition aquarellée aux Pommes par Nicolas de Staël en 1952 font partie de ses dernières découvertes inédites. Au quartier Drouot, zone de prédilection pour le chineur à modeste budget, on butinera de galerie en galerie pour dénicher son bonheur au gré des propres trouvailles des antiquaires. La galerie Amicorum par exemple dispose d’un stock permanent de deux mille dessins, aquarelles et pastels du XVIe au XXe siècle dans une gamme de prix allant de 50 à 3 000 euros et Laura Pêcheur, qui a réuni assez d’œuvres pour monter une exposition thématique autour de la Belle Époque, annonce quelques feuilles à 300 euros.

Dessins aux enchères
Même ambiance dans un autre quartier de la rive gauche, notamment autour d’une trentaine de paysages et d’architectures depuis le XVIe jusqu’au XIXe siècle montrés par la galerie Artesépia et de dessins néoclassiques et romantiques de 1780 à 1850 par la galerie Teissèdre. Enfin, pas moins de six ventes aux enchères rythmeront ces festivités artistiques. Elles sont accessibles à tous et proposent des pièces de tous les goûts et à tous les prix. Le coup d’envoi sera donné le 9 mars à Drouot avec un beau pastel du Lac de Thoun, Suisse, 1808 de Vigée-Lebrun, estimé 10 000 euros et une esquisse en camaïeu figurant Apollon et les Muses de François Boucher pour 80 000 euros (SVV Farrando-Lemoine). S’en suivra un intéressant projet de vitrail allemand du xvie siècle, L’Arrestation du Christ au mont des Oliviers par Sebald Beham, évalué à 20 000 euros chez Tajan le 16 mars tandis qu’un dessin à la plume de Putti jouant autour d’une balustrade de Gandolfi estimé 1 800 euros et une Entrée d’un château néogothique, aquarelle de l’entourage d’Hilaire Thierry proposée à 1 000 euros raviront divers amateurs le même jour à Drouot (SVV de Maigret). Un Christ en croix avec Marie Madeleine, un dessin espagnol du XVIIe par Murillo, estimé 25 000 euros ; un dessin d’Auguste Rodin représentant une danseuse, estimé 20 000 euros et une cinquantaine de vues d’Italie de la fin du xviiie siècle par Legeay, Nicolle, Hubert Robert et d’autres pour 600 à 15 000 euros sont à saisir chez Christie’s le 17 mars.

- Les expos off Galerie Éric Coatalem, 93 rue du Faubourg Saint-Honoré, VIIIe, tél. 01 42 66 17 17, 15 mars-9 avril. Dessins au Quartier Drouot (14 galeries), rues Drouot, de la Grange-Batelière, de Provence, de Richelieu, passages Jouffroy et Verdeau, IXe, tél. 01 47 70 41 73, 10-24 mars. Dessins au Louvre des antiquaires, 2 place du Palais-Royal, Ier, salle d’exposition, tél. 01 42 97 27 27, www.louvre-antiquaires.com, 14-28 mars. Expositions de Printemps Rive Gauche (4 galeries), 40 et 46 rue de Verneuil, 58 rue de l’Université et 25 rue de Beaune, VIIe, tél. 01 42 96 29 21, 15 mars-16 avril. - Les ventes publiques Le 9 mars à Drouot, SVV Farrando-Lemoine, tél. 01 47 70 50 11. Le 16 mars chez Tajan, 37 rue des Mathurins, VIIIe, tél. 01 53 30 30 30, www.tajan.com Le 16 mars à Drouot, SVV Thierry de Maigret, tél. 01 44 83 95 20. Le 17 mars chez Christie’s, 9 avenue Matignon, VIIIe, tél. 01 76 85 85 88, www.christies.com Le 17 mars à Drouot, SVV Delorme-Collin du Bocage, tél. 01 58 18 39 05. Le 18 mars à Drouot, SVV Piasa, tél. 01 53 34 10 10, www.piasa.auction.fr

Le XIVe Salon du dessin, PARIS, palais Brongniart, place de la Bourse, IIe, 16-21 mars, tél. 01 45 22 61 05, www.salondudessin.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°567 du 1 mars 2005, avec le titre suivant : Belles feuilles au Salon du dessin

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