Art Paris se décomplexe

Malgré une qualité inégale, la foire gagne en crédibilité

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 8 novembre 2002 - 535 mots

La 4e édition d’Art Paris s’est déroulée du 25 au 28 octobre au Carrousel du Louvre dans un climat chaleureux et convivial. Engagé dans une nouvelle dynamique, le salon a offert un cru supérieur aux années précédentes. Grâce à l’amélioration sensible de la qualité des exposants et une popularité grandissante, Art Paris se targue d’une bonne tenue commerciale.

PARIS - Avec près de 28 000 visiteurs, la nouvelle mouture d’Art Paris affiche des résultats globalement satisfaisants. Les exposants s’accordent sur la sensibilité du public et la qualité de l’organisation. Michel Zlotowski arbore une mine réjouie, alors même qu’il “était venu sur la pointe des pieds”. Le galeriste de la rue de Seine a cédé une douzaine de pièces, notamment une huile de Le Corbusier, acquise par un amateur espagnol. Ses transactions ont porté en majorité sur des œuvres sur papier dans une fourchette de 5 000 à 20 000 euros. Son voisin, le marchand belge Bernard Cats, s’avoue comblé après avoir négocié pêle-mêle : un autoportrait de Sandro Chia, une composition de Serge Poliakoff, une gouache d’Auguste Herbin et un projet d’empaquetage de Christo. Sonia Zannettacci, dont la rétrospective autour de Bernard Rancillac avait été déboutée par la Fiac, se déclare satisfaite. Si les grands formats de l’artiste français ont peiné à trouver preneur, l’accrochage de la petite réserve a été plusieurs fois renouvelé au gré des ventes. La galeriste Farideh Cadot a cédé de son côté l’installation d’un de ses jeunes poulains, le Cubain Carlos Garaicoa entrevu cet été à la Documenta. Les résultats sont plus mitigés chez d’autres marchands. “Comme nous n’étions pas optimistes, nous ne sommes pas déçus. Mais on ne peut pas dire que c’était commercialement extraordinaire”, avoue Michel Durand-Dessert. Ce pionnier du salon a tout de même trouvé preneur pour quelques pièces de François Morellet et de Djamel Tatah. La galerie belge Veranneman, nouvelle recrue d’Art Paris, est enchantée des contacts noués pendant la foire tout en reconnaissant que le commerce n’était guère fameux. Elle compte toutefois revenir l’année prochaine en entraînant dans son sillage d’autres confrères de qualité.

La gloriole commerciale est sans doute hâtive, mais Art Paris a incontestablement franchi un cap décisif. Cette année marque le basculement d’une foire sans prétention à un salon à l’ambition affichée. “On peut constater un réel changement psychologique au niveau de la presse et des amateurs. Un verrou a été levé. On a abandonné le ‘politiquement correct’ qui consistait à encenser la Fiac et à dénigrer Art Paris. Les galeries de qualité ne vont pas avoir les mêmes freins pour nous rejoindre”, assure Michel Durand-Dessert. À mots couverts, certains marchands estiment que les galeries modernes, marginalisées au sein de la Fiac, pourraient observer Art Paris d’un œil plus aguiché. Quelques exposants de la Porte de Versailles ont arpenté les allées du Carrousel pour prendre le pouls du salon. De là à envisager un tel repli, le raccourci est peut-être présomptueux. Pour attirer d’autres locomotives, un grand travail d’écrémage s’impose. L’arrivée de plusieurs galeries étrangères a rehaussé le niveau, mais la qualité des exposants reste encore très inégale. Le comité d’organisation compte de son côté poursuivre son travail de sélection. C’est au prix d’un vrai débroussaillage qu’Art Paris pourra conforter sa légitimité.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°158 du 8 novembre 2002, avec le titre suivant : Art Paris se décomplexe

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